La Première dame du Guatemala, Sandra Torres, obligée de divorcer de son mari, le président Alvaro Colom, pour pouvoir briguer sa succession en septembre, a justifié sa décision jeudi par sa volonté de se «marier avec le peuple».

«Je représente les secteurs les plus oubliés et les plus humbles du Guatemala. Cette fois, les gens ont le droit d'être représentés. On me critique pour ce que je fais et ne fais pas, on me critique parce que je divorce du président, mais je me marie avec les gens, le peuple», a-t-elle déclaré au cours d'une conférence de presse.

Mme Torres et son mari, cofondateurs de l'Unité nationale de l'espérance (Une, social-démocrate), ont déposé leur demande de divorce par consentement mutuel le 11 mars, trois jours après que la Première dame eut annoncé son intention de briguer la succession de son époux.

La Constitution du pays le plus peuplé d'Amérique centrale (environ 14 millions d'habitants) interdit non seulement la réélection du président, mais aussi les candidatures de ses proches parents, dont sa femme.

En 1989, la Cour constitutionnelle avait ainsi invoqué ce motif pour interdire à l'épouse du président Vinicio Cerezo (1985-1990) de se présenter à la présidentielle.

Mme Torres n'a pas pu retenir ses larmes lors de sa conférence de presse. Elle a reconnu qu'elle ressentait toujours «un grand et solide amour» pour son mari, mais aussi un amour «illimité» pour le peuple guatémaltèque.

Une partie de l'opposition, des politologues et des constitutionnalistes ont critiqué le divorce présidentiel, estimant qu'il s'agissait d'une «fraude» pour contourner la Constitution, ce que contestent M. Colom et Mme Torres qui dénoncent une manoeuvre des secteurs opposés à leurs réformes sociales.

La Première dame a notamment pointé du doigt le candidat de droite, Otto Perez, en tête dans les sondages, et le patronat.

Mercredi, un citoyen a déposé un recours devant la Cour suprême contre la demande de séparation afin de freiner le processus de divorce du couple, qui pourrait être prononcé d'ici quinze jours, soit un mois avant la date limite pour l'enregistrement des candidatures à la présidentielle de septembre.