Cuba a mis fin à un processus de libérations de prisonniers politiques entamé il y a neuf mois, avec l'élargissement mercredi des deux derniers du «groupe des 75» dont la condamnation en 2003 à de lourdes peines de prison avait suscité l'indignation internationale.

José Ferrer est le dernier dissident de la vague de répression du «Printemps noir» à retrouver la liberté.

«Oui, José Daniel est hors de prison, il m'a appelé chez moi», a déclaré à l'AFP le dissident Elizardo Sanchez. Le dissident a été escorté chez lui dans la province orientale de Santiago de Cuba.

Une heure avant, la libération de Felix Navarro était annoncée.

«Mon père est à la maison, il est rentré dans la matinée et il est aussitôt parti voir sa mère à la campagne. Nous sommes très contents. Il a un moral excellent. Il est très optimiste et content, prêt à continuer ce qu'il faisait en 2003», lorsqu'il militait dans l'opposition, a déclaré à l'AFP sa fille Sayli à Perico (province de Matanzas), à 140 km à l'est de la Havane.

Les libérations de José Ferrer, un pêcheur de 40 ans, et de Felix Navarro, un enseignant de 57 ans, mettent fin à un lent processus de libérations lancé en mai après un accord inédit entre les autorités et l'Église catholique, qui a joué le rôle de médiateur.

L'arrestation des 75 entre le 18 et le 20 mars 2003, puis leur condamnation expéditive à des peines de six à 28 ans de prison avait suscité l'indignation internationale, trois ans avant que le chef de la révolution cubaine Fidel Castro ne cède le pouvoir à son frère Raul.

Au même moment, trois jeunes Cubains qui avaient tenté de détourner un bateau pour quitter l'île étaient condamnés à mort et exécutés.

L'Union européenne avait alors décidé d'annuler les visites officielles à Cuba, de suspendre ses programmes de coopération et d'inviter systématiquement des opposants à ses réceptions officielles à La Havane.

Vingt-trois dissidents du groupe des 75, dont le célèbre poète et journaliste Raul Rivero, sont libérés essentiellement pour «raisons de santé», avant la médiation de l'Église engagée après le décès en grève de la faim de l'opposant Orlando Zapata en février 2010.

Après la médiation, avait commencé un processus de libérations du reste des prisonniers en échange d'un exil en Espagne, moteur du rapprochement entre l'UE et Cuba.

Mais il a pris quatre mois et demi de retard sur le délai prévu en raison du refus de douze détenus de prendre le chemin de l'exil.

La sortie de José Ferrer et Felix Navarro conclut la principale vague de libérations de dissidents depuis la venue à Cuba du pape Jean Paul II en 2008: environ 300 avaient été alors graciés, dont une centaine de prisonniers politiques.

Félix Navarro est membre du mouvement Tous Unis et fondateur en 1999 du Mouvement pour la Démocratie «Pedro Luis Boitel». Il avait été condamné à 25 ans de prison.

José Ferrer avait également été condamné à 25 ans de prison. Il est membre du Mouvement chrétien Libération (MCL), présidé par Oswaldo Paya, prix Sakharov 2002 du Parlement européen.

Outre l'élargissement des 52 détenus du groupe de 75, les autorités de l'île communiste ont libéré 74 autres prisonniers accusés de piraterie, terrorisme ou rébellion, partis pour l'Espagne qui a ainsi accueilli 114 détenus.

Selon Elizardo Sanchez, président de la Commission cubaine des droits de l'homme et de réconciliation nationale (illégale mais tolérée), il reste encore une soixantaine d'opposants en prison.

Le gouvernement cubain nie l'existence de prisonniers politiques et affirme qu'il s'agit de «mercenaires» à la solde des États-Unis avec qui La Havane n'entretient plus de relations diplomatiques depuis un demi-siècle.