L'ex-président haïtien Jean-Bertrand Aristide va quitter jeudi soir l'Afrique du Sud, où il vit en exil depuis 2004, pour rentrer au pays avant l'élection présidentielle de dimanche, malgré les réticences exprimées par la France et les États-Unis.

«Jean-Bertrand Aristide tiendra une conférence de presse à l'aéroport de Lanseria avant de partir ce soir», a indiqué à l'AFP Clayson Monyela, un porte-parole du ministère sud-africain des Affaires étrangères.

Lanseria est un aéroport situé à la périphérie de Johannesburg, qui accueille essentiellement des avions d'affaires.

À Port-au-Prince, la porte-parole de M. Aristide en Haïti, Maryse Narcisse, a confirmé à l'AFP que l'ancien président était attendu vendredi matin.

«C'est un événement, il arrivera en avion privé», a-t-elle ajouté.

Jean-Bertrand Aristide, 57 ans, avait été évincé du pouvoir en février 2004 sous la pression conjuguée d'une insurrection armée, des États-Unis et de la France, et vit depuis à Pretoria, où il a trouvé un emploi à l'Université d'Afrique du Sud (Unisa).

Ancien prêtre se réclamant de la «théologie de la libération», il reste très populaire auprès des plus humbles dans son pays grâce à un discours populiste, même s'il a par deux fois été chassé de la présidence haïtienne.

Washington et Paris lui ont demandé, visiblement en vain, de différer son retour pour ne pas perturber le second tour de l'élection présidentielle entre l'ancienne Première dame Mirlande Manigat et le chanteur populaire Michel Martelly.

Le président américain Barack Obama a notamment dit à son homologue sud-africain Jacob Zuma être inquiet de voir M. Aristide rentrer d'exil avant le scrutin, a indiqué jeudi la Maison Blanche.

Par réaction, plusieurs citoyens américains accompagneront Jean-Bertrand Aristide chez lui, a assuré son avocat Ira Kurzban, arrivé mercredi à Johannesburg pour l'assister.

Parmi eux figure l'acteur Danny Glover (La Couleur pourpre, L'Arme fatale), arrivé jeudi à Johannesburg.

«On a une longue histoire commune. Il est mon ami et je soutiens son retour pour qu'il puisse aider le peuple haïtien à reconstruire le pays», a déclaré le comédien à l'AFP.

Jean-Bertrand Aristide «essaie de rentrer en Haïti depuis sept ans, ce n'est pas une décision de dernière minute», a souligné Me Kurzban.

L'ancien dirigeant n'a pas l'intention de se relancer en politique, a-t-il insisté: «Il a clairement fait savoir que son but est de s'impliquer dans le secteur éducatif».

Signe de la place qu'occupe toujours M. Aristide en Haïti, tant Mirlande Manigat que Michel Martelly se sont empressés de faire savoir qu'ils n'avaient aucune objection à son retour, mais qu'ils le préféreraient après le scrutin.

Son retour devrait donner l'occasion à ses partisans, et singulièrement à son parti «Fanmi Lavalas» («La famille Lavalas», en français) de se faire entendre, eux qui ont été exclus du scrutin.

Le parti a d'ores et déjà appelé ses sympathisants à un grand rassemblement vendredi devant l'aéroport international de la capitale haïtienne pour l'accueillir.

«Enfin, les carottes sont cuites, demain (vendredi) 8H00 dites-le à tout le monde, à l'aéroport nous allons attendre le président Titid dans la solidarité», dit un tract du parti.