L'ancien président Jean-Bertrand Aristide va rentrer en Haïti dans les prochains jours, après sept ans d'exil, a annoncé vendredi un responsable sud-africain.

Ce responsable du ministère des Affaires étrangères a précisé à l'Associated Press que M. Aristide arriverait en Haïti avant le deuxième tour du scrutin présidentiel, prévu le 20 mars prochain.

L'ancien prêtre des quartiers pauvres demeure très populaire en Haïti, et plusieurs craignent que son arrivée ne perturbe le vote.

En Haïti, un représentant du parti Lavalas a confirmé que le retour de Jean-Bertrand Aristide était imminent, mais a refusé de préciser comment et quand l'ancien président reviendrait.

«C'est un événement important pour le peuple haïtien parce que ça fait longtemps qu'il attend ce retour», a affirmé Maryse Narcisse, présidente du conseil exécutif du parti Lavalas. «Il ne voyagera pas incognito, les gens vont savoir qu'il s'en vient.»

Le parti Lavalas a été exclu de l'élection présidentielle et des milliers de partisans d'Aristide ont manifesté le mois dernier, menaçant de perturber les élections s'il ne rentrait pas au pays.

Pour les États-Unis, la présence de l'ex-président serait une distraction fâcheuse pour les Haïtiens et pourrait perturber le cours du scrutin.

Le porte-parole du département de l'État américain, Mark Toner, a déclaré vendredi à l'Associated Press qu'il revenait au gouvernement haïtien de régler ce problème.

«La priorité des États-Unis demeure d'aider Haïti à réaliser une transition de pouvoir paisible et démocratique et de faire en sorte que le deuxième tour de l'élection, prévu le 20 mars, reflète la volonté du peuple haïtien», a-t-il déclaré.

Plusieurs Américains influents ont fait campagne pour que Jean-Bertrand Aristide puisse mettre un terme à son exil en Afrique du Sud.

En janvier, une annonce pleine page demandant son retour immédiat avait été publiée dans The Miami Herald et signée par des personnalités politiques comme Jesse Jackson, l'envoyé spécial des Nations unies en Haïti Paul Farmer, le chanteur Harry Belafonte et l'acteur Danny Glover.

M. Glover et neuf autres personnes ont également écrit une lettre au président de l'Afrique du Sud, Jacob Zuma, pour l'exhorter à aider Jean-Bertrand Aristide à organiser son retour en Haïti.

Prenant la parole au nom des Haïtiens les moins nantis, Aristide avait contribué au soulèvement populaire qui a mis fin aux 29 ans de dictature de la famille Duvalier. Il a été le premier président élu de manière démocratique en Haïti, remportant les élections de 1990 en dépit de la désapprobation de l'armée et de l'élite du pays.

Chassé une première fois d'Haïti par le coup d'État de 1991, il est revenu au pouvoir en 1994 à la suite de l'intervention militaire des États-Unis. À l'époque, des dizaines de milliers de personnes s'étaient rassemblées autour du Palais national pour le voir arriver à bord d'un hélicoptère de l'armée américaine.

Dix ans plus tard, Jean-Bertrand Aristide quittait de nouveau Haïti à bord d'un avion américain alors que des rebelles approchaient de la capitale. Il a ensuite accusé les diplomates américains de l'avoir kidnappé, accusation niée par Washington.