Cuba a libéré vendredi un des dix prisonniers politiques qui refusent de s'exiler en Espagne en échange de la liberté, laissant en prison neuf des 52 détenus qui devaient être libérés avant la fin 2010, selon un accord conclu entre les autorités et l'Église catholique.

«Je vais continuer à lutter pour la démocratie à Cuba, pour la libération des autres (prisonniers politiques) et en faveur des droits de l'Homme, c'est pour cela que j'ai décidé de rester ici», a affirmé à l'AFP Eduardo Diaz Fleitas quelques heures après sa libération.

Condamné en 2003 à 21 ans de prison, Diaz Fleitas a précisé avoir été libéré sous un régime de «licence extra-pénale» qui implique un retour en prison en cas de «toute infraction».

«Ainsi, je ne suis pas en liberté, mais détenu de la grande prison qu'est Cuba, sans le droit de voyager», a ajouté cet agriculteur de 59 ans par téléphone de son domicile de Consolacion del Sur, à 130 km à l'ouest de La Havane.

«Je ferai tout ce que je peux pour que la démocratie règne dans mon pays», a-t-il ajouté en soulignant qu'avant de sortir de prison on lui avait enlevé tous ses écrits, jusqu'à son carnet d'adresses.

L'opposant a également annoncé qu'il avait l'intention d'entamer une grève de la faim de cinq jours le 23 février pour marquer le premier anniversaire de la mort du dissident Orlando Zapata, décédé après 85 jours de jeûne.

Après cette libération, il reste en prison neuf dissidents considérés comme des prisonniers politiques par Amnesty International et faisant partie d'un groupe de 52 que le président cubain Raul Castro s'était engagé à libérer en 2010, à l'issue d'un dialogue avec l'Église catholique.

Depuis juillet, le gouvernement a libéré 43 de ces 52 dissidents, faisant partie d'un groupe de 75 militants condamnés en 2003.

Le processus engagé avec l'Église s'était arrêté le 14 novembre 2010 avec la remise en liberté d'Arnaldo Ramos, le premier prisonnier du groupe à être autorisé à ne pas prendre la route de l'exil vers l'Espagne.

Les libérations avaient repris le 4 février avec celle de Guido Sigler, un économiste de 57 ans, prêt à s'exiler aux États-Unis pour rejoindre ses frères.

L'Église avait annoncé la semaine dernière sa libération et celle d'Angel Moya, un maçon de 46 ans qui veut rester à Cuba, dont la sortie de prison ne s'est pas encore concrétisée.

L'Église a par ailleurs annoncé que quatre autres prisonniers - ne faisant pas partie du groupe des 52 - condamnés pour «piraterie» et «sabotage» lors de tentatives de détournements d'embarcations, devraient être libérés prochainement en échange d'un exil en Espagne.

Une quinzaine d'autres - ne faisant pas partie du groupe des 52 et condamnés pour «piraterie» - ont déjà été libérés grâce à la médiation de l'Église.

La Commission cubaine des Droits de l'homme (CCDHRN, interdite, mais tolérée par les autorités) estime qu'il reste encore une centaine de prisonniers politiques à Cuba.

Le gouvernement cubain réfute l'existence de prisonniers politiques et affirme qu'il s'agit de «mercenaires» à la solde des États-Unis.