Accusé de fraude, Jude Célestin, le candidat du pouvoir arrivé deuxième au premier tour de la présidentielle haïtienne, compte annoncer bientôt son retrait de la course, a affirmé mardi Moïse Jean-Charles, sénateur du parti au pouvoir Inité.

Jude Célestin «va écrire au Conseil électoral provisoire (CEP) pour lui signifier son retrait», a indiqué M. Jean-Charles.

Le retrait de sa candidature devrait être annoncé dans une note.

Inité (Unité en créole) avait annoncé la tenue d'une conférence de presse mardi, au cours de laquelle le retrait de M. Célestin aurait pu être officialisé. Le parti au pouvoir a ensuite fait savoir que cette conférence aurait finalement lieu mercredi.

Plus tôt dans la journée, le parti Inité faisait déjà état de la possibilité de voir son candidat abandonner la course à la présidence. «Nous envisageons le retrait de la candidature de M. Célestin quels que soient le cas de figure et les résultats qui seront publiés par le Conseil électoral», avait déclaré à Radio Métropole le sénateur haïtien Joseph Lambert, l'un des pontes du parti au pouvoir.

Depuis le premier tour de la présidentielle du 28 novembre, Haïti est plongé dans une crise politique liée à la qualification pour le second tour, aux côtés de l'ex-Première Dame Mirlande Manigat, du candidat du pouvoir, selon les résultats préliminaires diffusés par le Conseil électoral.

Ces résultats ont été contestés, parfois violemment, sur fond d'accusations de fraude, par les partisans de Michel Martelly, candidat arrivé troisième, à quelques milliers de voix seulement de Jude Célestin.

Une mission d'experts internationaux de l'Organisation des États américains (OEA), chargée de recompter les voix, a même recommandé d'écarter M. Célestin du second tour au profit de M. Martelly.

Mais ni le Conseil électoral, ni le président sortant René Préval n'ont encore tranché la question, empêchant l'organisation du second tour qui devait se tenir le 16 janvier. Et le retour récent et mystérieux de l'ex-dictateur Jean-Claude Duvalier après 25 ans d'exil n'a fait qu'ajouter à la confusions et aux spéculations.

La déclaration faite mardi par M. Lambert, coordonnateur national du parti présidentiel, permet d'entrevoir pour la première fois une sortie de crise.

M. Lambert a d'autre part indiqué que la formation politique Inité (Unité en créole) pourrait appuyer l'un ou l'autre des candidats admis au second tour.

«De toutes les façons, nous sortirons gagnants, car Inité va remporter les législatives et le prochain président devra cohabiter avec nous», a-t-il soutenu.

Cette sortie d'un des leaders du parti au pouvoir intervient au lendemain d'un appel lancé par des représentants de la communauté internationale, emmenés par Edmond Mulet, représentant du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, pour que les responsables du Conseil électoral disqualifient Jude Célestin au profit de Michel Martelly, afin de poursuivre le processus électoral.

Si ce retrait se confirme, le second tour opposera M. Martelly, un chanteur populaire, à l'ex-première Dame septuagénaire Mirlande Manigat.

Reste à fixer la date de cette échéance. Alain Le Roy, chef des forces de maintien de la paix de l'ONU, a déclaré il y a quelques jours que les résultats définitifs du premier tour seraient probablement annoncés le 31 janvier, «de manière à organiser le second tour à la mi-février». Le mandat de M. Préval s'achève théoriquement le 7 février.