Michaëlle Jean se dit stupéfaite par le retour de l'ex-dictateur Jean-Claude Duvalier en Haïti, le pays où elle est née en 1957.

Dans une déclaration écrite, l'envoyée spéciale de l'UNESCO pour Haïti s'explique mal cette décision de revenir hanter le pays.

Elle questionne cette démarche et elle s'étonne de constater que Jean-Claude Duvalier croit pouvoir revenir en Haïti sans rendre des comptes ou «tel un citoyen qui n'a rien à se reprocher».

L'ancienne gouverneure générale du Canada n'a pas de mots tendres pour Jean-Claude Duvalier. Elle se demande comment le peuple haïtien peut oublier les horreurs, les souffrances et les injustices infligées par le régime duvaliériste.

En posant les pieds dans son ancien pays à la surprise de tous, dimanche, l'ancien président a dit être revenu pour aider les siens. Âgé de 59 ans, il a quitté l'exil dans lequel il a été plongé durant 25 ans, en France.

Les parents de Michaëlle Jean ont fui la dictature de Duvalier en 1968 pour s'établir à Thetford Mines, au Québec.

«N'a-t-il pas de compte à rendre? Comment peut-il rentrer en Haïti sans être inquiété, comme un citoyen sans reproche», s'interroge Mme Jean, dans sa déclaration à propos du retour de l'ancien dictateur.

Jean-Claude Duvalier, même s'il avait quitté le pays, conservait des liens avec les citoyens. Certains lui vouaient toujours un profond respect. Il arrivait également à l'ancien président d'envoyer des voeux à l'intention des citoyens haïtiens, notamment à l'occasion du Nouvel An. Il en profitait pour lancer des appels au patriotisme et à la mobilisation pour reconstruire une solidarité en Haïti.

L'arrivée de Jean-Claude Duvalier divise néanmoins. Sa présence rappelle le régime de terreur qui régnait sur Haïti durant cette période. En principe, l'ancien dirigeant doit rencontrer la presse lundi, afin de préciser ses intentions.

Mme Jean est à Paris cette semaine afin de participer à une table-ronde avec des confrères de l'UNESCO, des diplomates et des Haïtiens, qui traite du premier anniversaire du séisme meurtrier du 12 janvier 2010. La semaine dernière, elle se trouvait dans son pays d'origine afin de participer au recueillement marquant le premier anniversaire du séisme.