L'armée brésilienne, profitant d'une accalmie, a envoyé dimanche des hélicoptères dans les zones isolées par les pluies diluviennes qui ont fait au moins 610 morts cette semaine dans la montagne près de Rio.

Le commandant de la Défense civile, le colonel Luiz Castro, a déclaré à la presse que «la priorité» des militaires était d'évacuer les personnes qui se trouvaient dans les zones isolées par les eaux depuis mercredi et de leur apporter de l'eau potable.

Dimanche, le temps était couvert et instable dans la région, selon l'AFP sur place, alors que les services météorologiques prévoyaient de nouveaux orages.

Plus de 14 000 personnes sont sans abri dans la région et une dizaine de zones agricoles sont encore isolées, selon les pompiers.

Les camions militaires étaient à la sortie de Nova Friburgo (140 km de Rio), la ville la plus touchée par les fleuves de boue qui ont tout emporté sur leur passage mercredi à l'aube et où 274 morts ont été dénombrés, a constaté un photographe de l'AFP.

«Les soldats attendent les ordres pour partir, en camion lorsque c'est possible ou en hélicoptère», a-t-il précisé.

L'armée dispose d'une cinquantaine de véhicules et d'ambulances, et onze hélicoptères basés à Teresopolis, la ville voisine, où 263 personnes ont trouvé la mort.

Elle a établi son quartier général dans la «Granja Comary», le centre d'entraînement de l'équipe brésilienne de football qui dispose de grandes pelouses, d'installations hôtelières et médicales.

Selon le général Oswaldo de Jesus Ferreira, qui coordonne les opérations, près de 500 hommes devaient participer à l'évacuation des sinistrés, aider à dégager les routes bloquées et distribuer des aliments et de l'eau potable.

Beaucoup craignaient que le bilan total des victimes soit encore beaucoup plus lourd.

«Je crois qu'à la fin de tout cela, nous aurons plus de mille corps. Dans un quartier proche, à Campo Grande, il y avait 2500 maisons. Une ou deux sont restées debout», a déclaré Mauricio Berlim, un fossoyeur du cimetière municipal de Teresopolis.

La Marine a monté un hôpital de campagne au centre de Nova Friburgo, une ville paisible fondée par des émigrants suisses au début du XIXe siècle et appréciée par les Cariocas pour la douceur de son climat.

L'armée de l'Air a établi un second hôpital à Itaipava, près de Petropolis où 55 personnes ont péri.

La secrétaire à la Santé de Teresopolis, Solange Sirico, a mis en garde samedi contre «les risques d'épidémies comme la leptospirose et l'hépatite» et a demandé à la population de «ne pas boire l'eau des puits». Le manque d'eau potable est l'un des plus graves problèmes dans les zones rurales.

L'impact de cette catastrophe, considérée comme l'une des pires de l'histoire du pays, s'annonce important pour l'économie de la région, principale zone de production maraîchère de l'État de Rio.

Le secteur touristique a d'ores et déjà perdu 30 millions de dollars, a estimé le vice-président de l'Association brésilienne hôtelière, Michel Chertouh.

Cette tragédie a provoqué un élan de solidarité dans tout le pays. Près de deux cents tonnes d'aliments avaient été recueillies jusqu'à dimanche par la Défense civile et à Rio des centaines de personnes ont donné leur sang.

La présidente du Brésil Dilma Rousseff a décrété samedi un deuil national de trois jours et le pape Benoît XVI a envoyé un message de «solidarité» à la population de Rio».

De son côté, le président français Nicolas Sarkozy a exprimé dimanche son «émotion» et «la solidarité de la France».