La présidente du Brésil Dilma Rousseff a décrété samedi un deuil national de trois jours après des pluies diluviennes qui ont fait plus de 600 morts dans la montagne près de Rio où les habitants désespérés font face au chaos et aux pénuries.

Selon le dernier bilan de la Défense civile, au moins 610 personnes ont péri dans cette catastrophe, l'une des pires de l'histoire du Brésil.

D'autre part, 14 000 personnes sont sans abri dans cette région agricole et de villégiature, à une centaine de kilomètres de Rio où des pics culminent à 2200 mètres.

Le pape Benoît XVI a envoyé samedi un message de solidarité aux sinistrés et familles des victimes diffusé sur le site de l'archidiocèse de Rio où il se dit «consterné par les tragiques conséquences des fortes pluies» et exprime sa «solidarité spirituelle à la population de Rio».

Un deuil de sept jours a aussi été décrété dans l'État de Rio en mémoire des victimes dont la plupart ont été surprises dans leur sommeil par des fleuves de boue qui ont tout emporté sur leur passage.

À Teresopolis, à 100 km de Rio, où 263 morts ont été dénombrés, la population enterrait ses morts.

Dans le cimetière municipal «un chien, Leao, ne quitte pas la tombe de sa maîtresse, Cristina Maria de Santana, enterrée il y a deux jours», a raconté un employé des pompes funèbres à l'AFP.

À l'intérieur de la morgue, «c'est comme dans un film d'horreur», a déclaré à l'AFP une travailleuse volontaire, Michelle Tosetti.

Les corps sont tellement décomposés que les médecins légistes ne prennent plus de photos d'identification par crainte d'effrayer les proches des survivants et aussi parce que les photos ne servent plus à rien, a-t-elle expliqué.

Maintenant, on demande aux familles de décrire les tatouages et tout signe particulier. Dans certains cas, des tests d'ADN par la salive sont faits.

La pluie qui avait cessé a repris dans l'après-midi. Le sol reste saturé d'eau et les risques de nouveaux éboulements demeurent élevés. Une dizaine de zones agricoles sont encore isolées et à mesure que les secours les atteindront, le bilan des morts s'alourdira, ont prévenu les pompiers.

«Je crois qu'à la fin de tout cela, nous aurons plus de mille corps», a déclaré Mauricio Berlim, un fossoyeur du cimetière municipal.

La secrétaire à la Santé, Solange Sirico, a mis en garde contre «les risques d'épidémies comme la leptospirose et l'hépatite».

Elle a également demandé à la population de «ne pas boire l'eau des puits qui est contaminée» et elle a lancé un appel pour recevoir des dons de matériel médical et des médecins volontaires.

À Nova Friburgo où 274 personnes ont péri, les rues de cette ville paisible fondée par des émigrants suisses au début du XIXe siècle et appréciée par les Cariocas pour la douceur de son climat, renvoient des images de ruines et de chaos.

Les habitants tentent de quitter la cité, mais l'essence est rationnée et la route est dangereuse, car elle est sur le point de céder à plusieurs endroits.

Les conséquences économiques s'annoncent importantes : il était déjà très difficile de trouver à Rio des légumes frais, la région serrana (montagneuse) étant la principale zone de production maraîchère de l'État de Rio.

Le secteur touristique a d'ores et déjà perdu 30 millions de dollars, a estimé le vice-président de l'Association brésilienne hôtelière, Michel Chertouh.

Cette tragédie a suscité un élan de solidarité dans tout le pays. Vingt tonnes d'aliments ont été recueillies par la Défense civile et à Rio plusieurs centaines de personnes ont donné leur sang.