Une douzaine de témoins du rapt présumé d'une cinquantaine de clandestins centraméricains la semaine dernière dans le sud du Mexique ont déposé mercredi devant le parquet fédéral et les services d'immigration pour éclaircir les faits, démentis par le gouvernement.

Mardi, le ministère des Affaires étrangères du Salvador et deux prêtres catholiques dirigeant des centres de refuge pour immigrés ont affirmé qu'une cinquantaine de clandestins avaient été enlevés le 16 décembre après l'attaque d'un train de marchandises par un groupe armé dans l'Etat d'Oaxaca.

«Le train s'est arrêté brusquement et on a commencé à entendre des cris et des tirs. Nous sommes nombreux à avoir fui dans la montagne», a déclaré au téléphone à l'AFP un témoin hondurien, Alejandro, qui a trouvé refuge dans un foyer catholique pour immigrés d'Ixtepec (Oaxaca).

Le gouvernement mexicain a démenti, jugeant cette information «sans fondement», mais mercredi une douzaine d'immigrés affirmant avoir échappé aux assaillants ont été transférés d'Oaxaca à Mexico pour témoigner devant l'Institut national de migration (INM) et le parquet fédéral.

Le groupe de Honduriens, de Guatémaltèques et de Salvadoriens doit aider à «éclaircir les faits présumés dont ils auraient été victimes», précise le ministère de l'Intérieur dans un communiqué.

Ils recevront «un visa humanitaire pour qu'ils puissent rester en qualité de témoins au Mexique», a dit à l'AFP une porte-parole de l'INM.

Selon le ministère de l'Intérieur, le directeur de l'INM, Salvador Beltran, s'est par ailleurs mis en contact avec le ministre des Affaires étrangères du Honduras, Mario Canahuati, et le vice-ministre des Relations extérieures du Salvador, Juan José García.

En août dernier, 72 émigrants clandestins, pour la plupart originaires d'Amérique centrale, avaient été massacrés dans le nord-est du Mexique, faisant sauter la chape d'indifférence pesant sur le sort quotidien de ces déshérités en quête d'Eldorado aux Etats-Unis.

Les autorités ont accusé le cartel de la drogue mexicain des Zetas d'avoir commis cette tuerie, la pire dans l'histoire récente du pays.

Selon un rapport de la Commission nationale des droits de l'Homme, un organisme gouvernemental, 20 000 clandestins ont été enlevés par des gangs au Mexique entre 2008 et 2009, pour un total de 50 millions de dollars de rançons.

Un demi-million d'émigrants traversent chaque année le pays du sud au nord pour entrer aux Etats-Unis.