L'Assemblée nationale du Venezuela a approuvé lundi soir deux lois renforçant le contrôle de l'État sur les médias et interdisant pour la première fois certains contenus sur l'internet, provoquant la colère de l'opposition qui dénonce une atteinte à la liberté d'expression.

es textes ont été approuvés en urgence par l'actuelle chambre dominée par le parti socialiste du président Hugo Chavez, quinze jours avant l'entrée en fonctions du nouveau parlement issu des élections de septembre, où l'opposition possèdera 40% des sièges.

Ils amplifient les restrictions imposées aux médias audiovisuels par une loi de 2004 et soumettent désormais les sites internet aux mêmes obligations.

Les administrateurs de pages internet seront «responsables de l'information et du contenu» publiés sur leurs sites et chargés de «limiter, sans délai, la diffusion de messages» faisant «l'apologie du crime», visant à «déstabiliser la société» ou «contestant les autorités légitimement établies».

La loi prévoit, en cas d'infraction, des amendes équivalant à «10% des revenus avant impôt de l'année précédente» et la «suspension du service» pour «72 heures d'affilée». En cas de récidive, la licence de diffusion pourra être retirée.

Le député d'opposition Ismael Garcia a dénoncé «une violation absolue de la Constitution, de la liberté d'expression et du libre exercice de la communication dans le pays».

Sa collègue Pastora Medina évoque une incitation à la «censure, l'autocensure».

«Le droit à l'information, à la communication, l'accès aux médias est pleinement garanti dans la Constitution et dans cette loi», a répondu le député socialiste Earle Herrera.

L'autre texte adopté réduit de 25 à 15 ans la durée maximale des licences de diffusion audiovisuelles et interdit les investissements étrangers dans les médias hertziens et communautaires et la production nationale audiovisuelle.

Ces réformes s'incrivent dans un contexte de tension croissante entre le pouvoir et les médias critiques.

En 2007, la chaîne RCTV a perdu sa licence hertzienne, pour avoir soutenu une tentative de putsch contre Chavez en 2002, et Globovision, elle aussi très dure à l'égard du régime, fait l'objet de plusieurs procédures judiciaires.