La situation post-électorale instable à Haïti devrait dominer l'ordre du jour d'une rencontre des ministres des Affaires étrangères de l'Amérique du Nord qui se tiendra lundi à Wakefield, au Québec.

Le ministre Lawrence Cannon présidera une très courte rencontre avec ses homologues Hillary Clinton et Patricia Espinosa, respectivement à la tête des diplomaties américaine et mexicaine.

Le troisième voyage de Mme Clinton au Canada cette année survient après une semaine de violences à Haïti, déclenchées par le scrutin présidentiel de dimanche dernier, qui n'a pas produit de clair gagnant.

«Il faut un gouvernement stable car rien ne peut fonctionner sans cela», a indiqué une source gouvernementale bien au fait des enjeux derrière la rencontre de lundi.

«Nous avons une inquiétude: beaucoup d'argent ont été envoyés à Haïti, et nous avons beaucoup de preuves que les sommes ne se rendent pas à bon port parce que plusieurs personnes vivent encore sous des tentes.»

Le ministre canadien des Affaires étrangères a communiqué avec le président haïtien René Préval et le premier ministre Jean-Max Bellerive vendredi, afin de réitérer les inquiétudes du Canada quant à l'instabilité et a plaidé en faveur d'un dépouillage judiciaire rapide des bulletins, selon cette même source.

Plus tôt cette année, au cours d'un sommet tenu à Montréal après le tremblement de terre du 12 janvier 2010, Hillary Clinton avait souligné la nécessité d'une plus grande imputabilité des élus haïtiens, alors que la communauté internationale s'apprêtait à envoyer des milliards de dollars pour la reconstruction de l'île.

Cette rencontre avait ouvert la voie à une conférence internationale tenue au siège des Nations Unies et dans le cadre de laquelle près de 10 milliards $ avaient été promis en aide à long terme. Le gouvernement canadien avait alors annoncé une enveloppe supplémentaire de 400 millions $, qui venait s'ajouter aux 550 millions $ en aide bilatérale déjà prévus au budget fédéral.

Les Haïtiens se préparaient à vivre d'autres épisodes de violence, vendredi, alors que les différents candidats demandaient à leurs partisans de descendre dans les rues après un scrutin entaché par des accusations de fraude.

Des barricades ont été démantelées pendant la nuit de jeudi à vendredi, mais des montagnes de pneus incendiés crachaient leur fumée noire dans certaines parties de la ville et bloquaient le passage des véhicules. Les Haïtiens se sont précipités vers les magasins, ouverts pour la première fois en trois jours, afin de se constituer des provisions.

Des témoins ont affirmé qu'ils avaient vu un homme armé accompagné d'individus portant des vêtements identifiés au nom de Jude Célestin patrouiller à travers un bidonville près du palais national, jeudi, et tirer sur au moins une personne. Une personne a été tuée dans ce secteur, selon les médias locaux.