Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a lancé un appel d'urgence vendredi pour des fonds afin de combattre l'épidémie de choléra qui sévit en Haïti, estimant d'autre part que des irrégularités plus graves qu'initialement estimé avaient entaché les élections.

Les irrégularités dans les élections présidentielle et législatives de dimanche en Haïti «apparaissent maintenant plus graves qu'initialement estimé», a-t-il dit dans un discours devant l'Assemblée générale.

«J'invite tous les acteurs politiques à s'abstenir de toute violence et entamer immédiatement des discussions pour trouver une solution haïtienne à ces problèmes avant qu'une crise sérieuse ne se développe», a-t-il dit.

«Les dirigeants politiques doivent placer l'intérêt national devant les ambitions personnelles et partisanes», a-t-il dit.

Un groupe de douze candidats à la présidence continue d'exiger l'annulation des élections, marquées par des incidents meurtriers et des fraudes, selon eux, en faveur du candidat du pouvoir en place, Jude Célestin.

L'ONU a prévenu jeudi que la communauté internationale quitterait Haïti si la volonté populaire exprimée lors du scrutin n'était pas respectée dans le pays. «La communauté internationale va se retirer d'Haïti et le pays ne va pas bénéficier de l'appui et de ressources internationales si la volonté populaire n'est pas respectée», a prévenu le diplomate onusien Edmond Mulet.

Le choléra a par ailleurs tué plus de 1800 personnes dans le pays depuis la mi-octobre, M. Ban soulignant que «le chiffre réel des morts et des infections pourrait en fait être le double».

M. Ban a indiqué que l'appel pour 164 millions de dollars lancé le mois dernier pour lutter contre l'épidémie n'avait été financé qu'à hauteur de 20% par les dons internationaux.

«Je vous demande d'urgence de contribuer à financer l'appel en totalité», a-t-il dit, soulignant que le chiffre de 164 millions demandé par les agences humanitaires de l'ONU était «prudent».

«Il faudra presque certainement le réviser à la hausse», a-t-il ajouté.

«Ce ne sera pas une crise à court terme, nous ne pouvons pas penser à un court terme dans notre réponse» à l'épidémie de choléra. «Des millions de personnes nous regardent pour survivre dans l'immédiat», a-t-il ajouté.

Sans une aide internationale pour reconstruire ses infrastructures après le séisme de janvier qui a tué 250 000 personnes et pour apporter de l'eau potable pour contrer l'épidémie, «Haïti n'a pas d'avenir durable, pas d'espoir pour un avenir meilleur», a dit M. Ban.

M. Ban a encore promis de nouveaux efforts pour trouver l'origine de l'épidémie de choléra. Des soupçons sur le fait que des casques bleus népalais auraient apporté la maladie en Haïti ont suscité des émeutes dans le pays mais le secrétaire général de l'ONU a réaffirmé que tous les tests effectués dans le camp népalais étaient négatifs.

L'ambassadeur de Cuba, M. Leo Brouwer, a de son côté annoncé que son pays comptait envoyer 300 médecins et infirmières supplémentaires en Haïti qui s'ajouteront au 900 déjà envoyés par Cuba.