La circulation de militaires et de policiers était intense vendredi en fin d'après-midi dans les favelas du nord de Rio de Janeiro encerclées par les forces de l'ordre, tandis que des coups de feu intermittents ont été entendus, a constaté un journaliste de l'AFP.

Un photographe de l'agence Reuters, Paulo Whitaker, a été blessé à l'épaule pendant la couverture de la sixième journée d'une guerre déclarée aux trafiquants de drogue dans la ville qui accueillera le Mondial de football en 2014 et les Jeux olympiques en 2016, selon la chaîne de télévision Globo news.

Trois autres personnes dont un parachutiste auraient été blessées, selon la même source.

En tout, 800 militaires appuyés par 40 véhicules dont cinq blindés de combat sont sur le terrain et ont rejoint 600 policiers qui participent aux opérations depuis dimanche contre les trafiquants.

Ces opérations ont fait au moins 34 morts, selon le dernier bilan, tous des trafiquants, a dit la police.

Les militaires ont encerclé toutes les entrées du Complexo do Alemao, un ensemble de plusieurs favelas où vivent 400 000 personnes selon le site web Globo, parmi lesquelles Vila Cruzeiro, et le Morro do Alemao.

Plus de 200 narcotrafiquants se sont réfugiés au Morro do Alemao après que la police eût pris le contrôle de Vila Cruzeiro jeudi. Ils veulent empêcher une nouvelle fuite des «narcos».

Les autorités de Rio ont toutefois déclaré vendredi matin qu'elles ne prévoyaient pas d'envahir cette zone dans l'immédiat.

Près de 60% des militaires présents ont été en Haïti et ont l'expérience des actions urbaines, selon le commandant de la Brigade d'infanterie de parachutistes, le général Fernando Sardemberg.

Le gouverneur de Rio, Sergio Cabral, a déclaré vendredi que la contre-attaque sans précédent menée avec des blindés contre les trafiquants de drogue, dans une favela jugée très dangereuse, tournait une page de l'histoire locale.

«Nous tournons une page importante de l'histoire de Rio», a-t-il affirmé au cours d'une conférence de presse.

Sergio Cabral a lancé à son arrivée au pouvoir en janvier 2007 une offensive contre le crime organisé après plus de 30 ans d'indifférence des autorités locales.

La population aide la police via le «disque-denuncia», un numéro de téléphone que les habitants peuvent utiliser pour donner des informations sur les «narcos».

Les commerces ont rouvert vendredi dans la zone, mais la peur se lisait sur les visages. «Je suis terrorisée. J'ai ouvert parce que je dois payer le loyer et les factures, mais peut-être que dans dix minutes j'aurai à fermer», a dit Mariza, 44 ans, propriétaire d'un magasin de jouets.

«Ils (les «narcos») sont tous là haut dans les collines. Mais quand ça tire, la police est aussi dangereuse que les bandits. On a très peur», confie Adelina, 69 ans, accélérant le pas devant une vingtaine de policiers en gilet pare-balles et lourdement armés.

Le président brésilien Inacio Lula da Silva a assuré aux autorités locales et aux habitants de Rio son «soutien à 100%».

Le comité organisateur des J.O. de la ville a également apporté son «appui total» au gouvernement de Rio et a exprimé sa «confiance dans le projet de pacification» dans la ville.

Les affrontements entre la police et les narcotrafiquants se sont soldés par 196 arrestations et 96 voitures et bus incendiés.