Deux hommes sont morts par balles lundi en Haïti après des heurts entre casques bleus et manifestants sur fond d'épidémie de choléra, a-t-on appris de sources judiciaire et policière, tandis que l'ONU a reconnu avoir tiré, en légitime défense, sur l'un d'entre eux.

Le corps d'un homme de 20 ans a été retrouvé «devant une base» de la Mission de l'ONU en Haïti (Minustah) à Quartier-Morin, une localité de la banlieue de Cap-Haïtien, dans le nord du pays, a indiqué à l'AFP le juge de paix Bimps Noël, qui a fait le constat du décès.

«Nous avons reçu une dizaine de blessés par balles, ce sont des blessés légers», a déclaré le Dr Yves Jasmin, directeur départemental du ministère de la Santé, joint par téléphone.

Il a ajouté que d'autres personnes avaient été «blessées lors de chutes dans la panique» et transportées à l'hôpital Justinien de Cap-Haïtien, une ville située à près de 300 km au nord de la capitale Port-au-Prince, où des radios faisaient état d'une quinzaine de personnes blessées par balles.

Dans l'immédiat, il était impossible de déterminer l'origine des tirs mais la police a nié en être l'auteur. «Nous n'avons pas tiré», a affirmé le directeur départemental de la police, Joany Canéus. «Nous sommes intervenus pour disperser la manifestation».

Les casques bleus ont fait usage de grenades lacrymogènes, qui ont également fait des blessés, a déclaré à l'AFP Vicenzo Pugliese, porte-parole de la mission de l'ONU en Haïti (Minustah).

Les manifestants ont mis le feu à un commissariat et des véhicules qui se trouvaient à l'intérieur ont été incendiés, a indiqué la police.

Les écoles étaient fermées à Cap-Haïtien où certains parents refusent d'y envoyer leurs enfants de peur qu'ils soient contaminés par le choléra. Plus de 200 personnes en sont décédées dans le nord du pays, dont une centaine à Cap-Haïtien, selon un responsable local du ministère de la Santé.

Des casques bleus népalais en Haïti, accusés par une partie de la population d'avoir propagé l'épidémie de choléra, ont par ailleurs été la cible de jets de pierre lors d'une manifestation à Hinche (centre).

«Environ 400 personnes se sont rassemblées devant le bureau de l'ONU, mais la manifestation a été dispersée sans trop de difficulté», a dit M. Pugliese.

Fin octobre, un centre de traitement du choléra de Médecins sans Frontières à Saint-Marc (centre) avait été attaqué par des manifestants qui redoutaient une propagation de l'épidémie. Aucun blessé grave n'avait été déploré.

Ces heurts interviennent à un peu moins de deux semaines d'élections législatives et présidentielle cruciales pour le pays, le 28 novembre.

Photo AP

Des casques bleus brésiliens patrouillent à Port-au-Prince, ce lundi.