Après avoir tué près de 800 Haïtiens, le choléra est maintenant aux portes de Port-au-Prince. L'ONU a lancé hier un appel de fonds afin «d'éviter d'être dépassée» par une épidémie qui menace particulièrement les sinistrés du séisme de janvier.

Les autorités haïtiennes ont annoncé hier un bilan de 796 morts et 12 303 hospitalisations depuis l'éclosion de l'épidémie, à la mi-octobre. Si le foyer principal de l'épidémie se trouve dans le nord du pays, la capitale, Port-au-Prince, où plus d'un million de personnes vivent dans des conditions extrêmement précaires, commence à être touchée.

«La situation est très préoccupante: tous les hôpitaux de Port-au-Prince sont submergés», indique, dans un courrier adressé aux journalistes, le chef de mission de Médecins sans frontières en Haïti, Stefano Zannini. MSF a recensé 216 cas de choléra dans le bidonville de Cité Soleil, au nord de Port-au-Prince. Il y a cinq jours, on n'en comptait que 30.

Dans la capitale, où, depuis le 12 janvier, le manque d'espace est un problème récurrent, MSF envisage même de mettre en place des centres de traitement du choléra dans les lieux publics et même dans la rue. «Pour l'instant, nous n'avons pas beaucoup d'autres solutions», croit M. Zannini.

Les autorités sanitaires ont mis en place hier cinq centres de traitement du choléra dans la capitale, selon l'AFP. Elles travaillent également avec 14hôpitaux publics et privés à l'aménagement d'autres centres. Il faut «parer à toute éventualité parce que la crainte d'une flambée de l'épidémie à Port-au-Prince demeure», dit le Dr Claude Suréna, président de l'Association médicale haïtienne.

L'ONU a lancé hier un appel de fonds d'urgence de 168,8 millions de dollars. L'organisation s'attend à ce que 200 000 personnes aient des symptômes du choléra. L'ensemble du pays pourrait être touché et l'ONU prévoit que des ressources devront encore être mobilisées pour au moins les six prochains mois.

L'ouragan Tomas, qui a fait la semaine dernière 21 morts en Haïti, a aussi provoqué des inondations et des glissements de terrain, ce qui fait craindre aux autorités une augmentation des cas de choléra.

Le choléra est une maladie mortelle, mais elle se soigne facilement, selon MSF. Les autorités sanitaires doivent cependant composer avec les craintes de certaines personnes qui préfèrent se tenir à distance des centres de traitement, de peur d'être contaminées par la maladie. «Nous nous employons à leur expliquer que c'est le contraire: plus la population est proche d'un centre, plus elle est en sécurité», souligne M. Zannini.

Haïti connaît sa première épidémie de choléra depuis plus d'un siècle. La maladie, étroitement liée à la pauvreté, persiste dans une centaine de pays. Le nombre de malades est, selon l'Organisation mondiale de la santé, en constante progression. La maladie tue entre 100 000 et 120 000 personnes chaque année.

- Avec l'AFP