Un scandale a éclaté jeudi en Argentine, où plusieurs membres de l'opposition accusent le gouvernement de leur avoir proposé des pots-de-vin pour éviter qu'ils ne rejettent le projet de budget 2011 à la Chambre des députés.

«On m'a proposé quelque chose au téléphone», a déclaré à la presse Cynthia Hotton, députée du groupe Valeurs pour mon pays, sans identifier l'auteur de l'appel.

«Mon vote n'est pas à vendre», a dit de son côté Elsa Alvarez, députée radicale, originaire de la province de Santa Cruz (fief présidentiel, situé en Patagonie). «J'ai reçu deux appels m'invitant à me retirer de la Chambre et, lors d'un de ces appels, on m'a proposé de me réunir avec un fonctionnaire», a-t-elle ajouté.

«Il y a des absences inexplicables», a souligné pour sa part le chef du groupe Pro (droite libérale) en référence à plusieurs membres de son groupe qui à la dernière minute ne se sont pas présentés pour voter.

La dirigeante de l'opposition, Elisa Carrio (Coalition Civique), a accusé nommément la présidente Cristina Kirchner d'être derrière une vaste opération d'achat de votes.

«Aujourd'hui, c'est Cristina qui avait la Banelco» (carte de crédit argentine), a-t-elle dit.

Le chef du gouvernement, Anibal Fernandez, a tout nié. Il a appelé Mme Carrio à «montrer les textos» qu'il aurait envoyé à plusieurs parlementaires. «Elle en sera incapable, car nous n'agissons pas de la sorte», a-t-il dit.

En parlant de carte «Banelco», Mme Carrio faisait référence à une affaire de corruption dans laquelle est accusé l'ancien président radical Fernando de La Rua (1999-2001).

Il est inculpé et soupçonné d'avoir fait distribuer en 2000 des pots-de-vin aux sénateurs péronistes pour obtenir d'eux le vote d'une loi d'assouplissement du droit du travail, appelée depuis «Loi Banelco».

L'actuel secrétaire de la Confédération générale du Travail, Hugo Moyano, avait accusé le ministre du Travail de l'époque, Alberto Flamarique, de lui avoir dit : «Pour convaincre les sénateurs, nous avons la Banelco».

La Chambre des députés, où le parti au pouvoir a perdu sa majorité aux législatives de juin 2009, a décidé de renvoyer jeudi le projet de loi budgétaire en commission.