Une juge péruvienne a accordé vendredi une mesure de liberté conditionnelle à l'Américaine Lori Berenson, détenue depuis 15 ans pour terrorisme au Pérou en raison de ses liens avec une guérilla d'extrême gauche.

La juge Jessica Leon avait déjà prononcé la même mesure en mai, mais sa décision avait été révoquée en août, en raison d'une erreur de procédure, et Mme Berenson, 40 ans, avait été réincarcérée.

Le représentant du parquet, Julio Galindo, a immédiatement annoncé qu'il allait interjeter appel de ce jugement, comme il l'avait fait en mai.

La remise en liberté anticipée de l'Américaine avait alors été dénoncée par des familles de victimes du terrorisme, mais aussi une partie de la classe politique et de l'appareil judiciaire.

Lori Berenson pouvait être libérée pour bonne conduite, car elle a déjà purgé les trois quarts de sa peine.

La juge Leon a en outre considéré que la sanction avait «rempli ses fonctions de rééducation, réhabilitation et resocialisation».

L'Américaine, originaire de New York, avait été arrêtée et condamnée en 1995 à 20 ans de prison pour collaboration avec le Mouvement révolutionnaire Tupac Amaru (MRTA), guérilla d'inspiration guévariste qui, en parallèle au Sentier lumineux maoïste, combattit l'État péruvien entre 1980 et 2000.

Mme Berenson avait été accusée d'avoir participé à un projet d'assaut du Parlement par le MRTA, sous la présidence d'Alberto Fujimori.

Lors de l'audience d'appel au mois d'août, elle avait toutefois rappelé n'avoir «jamais participé» en personne «à un acte de violence» et assuré la cour de son repentir sincère.

À l'énoncé du jugement, elle a embrassé son avocat et mari, Anibal Apari, un ancien guérillero du MRTA, qu'elle a connu et épousé en détention en 2003 et avec qui elle a eu un enfant, Salvador, né en mai 2009.

D'ici à la fin de sa peine, en 2015, elle devra rester au Pérou dans le cadre d'un régime de liberté surveillée.

Elle a indiqué qu'elle comptait travailler comme traductrice et prendre des cours de pâtisserie.

Le conflit interne entre l'État et les deux guérillas a fait 70 000 morts ou disparus, selon la commission de Vérité et Réconciliation.