Le président cubain Raul Castro a prévenu que l'île communiste allait «au précipice» si des mesures d'austérité draconiennes n'étaient pas mises en application pour relancer son économie, a rapporté lundi la presse cubaine.

Le général Castro a fait ces déclarations lors du Conseil national de la Centrale des travailleurs (syndicat unique) qui était consacré le week-end dernier aux mesures lancées en octobre et prévoyant la suppression de 500 000 postes du secteur public d'ici à la fin du premier trimestre 2011, soit environ 10% de la population active.

«Pour défendre les mesures et les expliquer, la classe ouvrière doit être informée et convaincue de son importance pour la survie de la Révolution, autrement nous allons au précipice», a-t-il dit, selon ses propos rapportés sur le mode indirect par le quotidien Granma, l'organe du Parti communiste cubain.

«Sur l'actualisation du modèle économique cubain, le général a souligné que nous ne copions aucun pays, que c'est un produit autochtone, adapté à nos caractéristiques, sans renoncer à la construction du socialisme», selon Granma.

Le ministre de l'Économie Marino Murillo a, lui, rappelé que les «nouvelles mesures visaient à supprimer les allocations indues et les subsides excessifs, à décharger l'État des activités qui ne lui correspondent pas, à réduire les effectifs pléthoriques et à augmenter la productivité».

Le Conseil national, qui réunissait 200 dirigeants syndicaux, a adopté une résolution appuyant ces mesures afin d'en finir avec le «paternalisme d'État».

Pour compenser les suppressions, le gouvernement facilite désormais l'octroi de licences pour les travailleurs indépendants dans 178 métiers (restaurateur, fleuriste, jardinier, maçon, etc.), qui devront s'acquitter d'un impôt allant de 25 à 50% de leurs revenus.

Dépendant largement des importations et de l'aide d'un régime vénézuélien contesté par une opposition revigorée à Caracas, l'État cubain - sous embargo américain depuis 48 ans - veut renflouer ses caisses en réduisant les dépenses, notamment d'aide sociale, et en s'attaquant à la corruption qui alimente un gigantesque marché noir.