Fusillades, enlèvements, assassinats d'enfants: la violence qui ronge la frontière mexicaine a fait plus de deux douzaines de victimes au cours du week-end.

Dimanche soir, des hommes armés ont fait irruption dans un centre de désintoxication de Tijuana et ont ordonné aux patients de se coucher par terre. Ils ont ouvert le feu. Treize personnes ont été tuées.

Cette attaque est survenue alors que Tijuana jouissait d'une certaine accalmie après des années de violence. La semaine dernière, la destruction par les autorités de 150 tonnes de cannabis avait été vue comme un symbole de renaissance pour la ville, où plus de 2000 personnes ont été tuées depuis le mois de janvier 2008.

Dans la ville de Ciudad Juárez, près de la frontière avec le Texas, la violence ne s'est jamais estompée. Vendredi soir, des hommes masqués ont tiré à l'arme automatique dans une foule réunie pour une fête d'enfants, dans une demeure d'un quartier populaire. Au moins 13 personnes sont mortes, et 20 autres ont été blessées. Les médias mexicains rapportent que la plupart des victimes sont des adolescents. La plus jeune avait 13 ans.

«Les criminels ne respectent pas les familles ou leur maison, a dit le procureur en chef de l'État, Carlos Salas. Comment peuvent-ils attaquer des jeunes femmes, comment peuvent-ils blesser grièvement un garçon de 9 ans?»

Sur Twitter, le président Felipe Calderón a dit: «C'est avec tristesse et une profonde indignation que le gouvernement fédéral exprime sa réprobation la plus énergique vis-à-vis de l'assassinat de jeunes gens à Ciudad Juárez.»

Selon les autorités, la famille qui organisait la fête n'avait aucun lien avec le crime organisé ou la lutte contre le narcotrafic.

Ciudad Juárez est considérée comme la ville la plus violente du monde. Près de 7000 personnes y ont été tuées depuis le mois de janvier 2008. Les milliers de soldats dépêchés par le président Calderón ne sont pas parvenus à faire cesser les assassinats, qui demeurent largement impunis.

Dans les coulisses, la corruption des forces de l'ordre préoccupe. «La corruption de l'armée et de la police est telle qu'aucune de ces deux organisations ne peut être un «agent de changement»», écrit un Mexicain qui souhaite garder l'anonymat dans un témoignage consigné par Molly Molloy, de l'Université du Nouveau-Mexique, qui tient un registre exhaustif des assassinats à la frontière.

«Sous leur autorité, des innocents sont certains d'être arrêtés et condamnés pour des crimes qu'ils n'ont pas commis.»

Enlèvement

Les vidéos montrant un otage entouré d'hommes armés et masqués évoquent les pires années de la guerre en Irak. À Ciudad Juárez, c'est toujours une réalité.

Lundi, une vidéo où l'on voit le frère d'une ancienne procureure en chef est apparue sur YouTube. Mario Gonzalez, qui a été enlevé jeudi dernier à son bureau, y est entouré d'hommes armés. À la pointe d'un fusil, il affirme que sa soeur, Patricia Gonzalez, et lui sont à la solde de La Linea, un gang de narcotrafiquants. Il dit avoir commandé plusieurs assassinats survenus dans la région de Ciudad Juárez. Mme Gonzalez, qui a démissionné il y a quelques semaines lors de changements au gouvernement, était procureure durant la hausse sans précédent de la violence dans la ville frontalière.

Le gouvernement mexicain a dit lundi n'accorder aucune crédibilité à des paroles prononcées sous la menace d'un fusil.