Les autorités médicales sont sur le pied d'alerte en Haïti. Une épidémie de choléra a déjà fait près de 250 morts et menace de se propager à l'intérieur des camps de fortune de Port-au-Prince, où s'entassent près de 1,3 million de sinistrés du tremblement de terre de janvier.

Selon le bilan officiel du ministère de la Santé publique d'Haïti, 3115 personnes ont été hospitalisées et 253 sont mortes des suites de la maladie au cours des derniers jours. Pour l'instant, la plupart des personnes infectées proviennent de la région de l'Artibonite, située au nord de la capitale. Cinq patients atteints du choléra ont toutefois été recensés à Port-au-Prince par le bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies, ce qui fait craindre le pire aux autorités.

«Si l'épidémie atteint Port-au-Prince, où des enfants et des familles vivent dans des camps surpeuplés et sans installations sanitaires correctes, le résultat pourrait être désastreux», a indiqué hier la Dre Estrella Serrano, responsable de la santé et de la nutrition pour l'organisation humanitaire Vision mondiale.

Si les efforts pour empêcher la propagation de la maladie à l'intérieur des camps échouent, «nous pourrions, dans le pire des cas, nous retrouver avec des centaines de milliers de malades en même temps», a ajouté le président de l'Association médicale haïtienne, Claude Surena.

Le choléra est une infection intestinale qui peut être mortelle en l'espace de quelques heures si un traitement n'est pas administré. Les patients qui en souffrent subissent des diarrhées abondantes qui provoquent la déshydratation. Selon l'Organisation mondiale de la santé, entre 3 et 5 millions de personnes souffrent de la maladie contagieuse chaque année et de 100 000 à 120 000 personnes en meurent.

Selon différentes sources, le choléra n'aurait pas frappé Haïti depuis 50 à plus de 100 ans. Il aurait fait son apparition dans le nord du pays la semaine dernière en raison de la mauvaise qualité de l'eau potable.

Mesures d'urgence

Le choléra est une infection propagée par un bacille présent dans l'eau ou des aliments contaminés. Pour minimiser les impacts de la maladie, l'agence nationale de l'eau a donc presque doublé la quantité de chlore et de désinfectant dans le réseau d'eau potable.

Des organisations humanitaires ont également commencé à distribuer du savon et des comprimés de purification de l'eau. Les ONG et les autorités gouvernementales insistent également sur l'importance de se laver les mains. Ils sont aussi en train de former du personnel supplémentaire à la lutte contre le choléra, et pour qu'il sache aiguiller les personnes présentant des symptômes.

Une porte-parole de la Croix-Rouge, Julie Sell, a déclaré que des équipes commenceraient aujourd'hui à expliquer aux réfugiés du tremblement de terre dans les camps comment se prémunir contre le choléra.

L'Organisation internationale pour les migrations (OIM) a commencé à former du personnel afin de dépêcher une soixantaine d'employés dans les camps aujourd'hui. Selon la porte-parole de l'organisme, Sabina Carlson, l'OIM a commencé à envoyer des messages par SMS sur les voies de propagation et de prévention du choléra. «C'est une maladie très nouvelle en Haïti. Nous devons nous assurer d'avoir toutes les informations en bon ordre», a-t-elle expliqué.

Malgré la rapidité avec laquelle la maladie s'est propagée, le gouvernement haïtien ne semble pas, pour l'instant, être en mode panique. La ministre haïtienne des Affaires étrangères, Marie-Michèle Rey, a assuré hier que l'épidémie semblait «contenue jusqu'à nouvel ordre». En marge du sommet de la Francophonie, qui se tenait en Suisse, cette dernière a parlé d'une épidémie limitée géographiquement et s'est même déclarée «confiante» par rapport à la suite des choses.

- Avec l'AFP et AP