L'épidémie de choléra qui sévit dans le nord d'Haïti depuis ces derniers jours va probablement s'étendre avant d'être jugulée, a estimé vendredi un haut responsable de l'Organisation panaméricaine de la santé (OPS), une branche de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

«Cette épidémie va probablement s'étendre, étant donné notre expérience du choléra, surtout dans une population qui n'a pas vraiment d'immunité naturelle puisqu'elle n'a pas été précédemment exposée à cette infection», a déclaré le Dr Jon Andrus, directeur adjoint de l'OPS lors d'une conférence de presse.

«De ce fait, nous nous attendons à ce que (l'épidémie) devienne plus importante», a-t-il ajouté.

Selon le dernier bilan cité par l'OPS, l'épidémie de choléra a fait au moins 138 morts, un chiffre non-révisé depuis jeudi. Les autorités haïtiennes ont fait état jeudi de 135 décès et de plus de 1500 personnes malades.

Mais «nous avons heureusement un partenariat (d'intervention) qui n'a jamais été aussi solide en raison du séisme», a aussitôt souligné ce médecin.

De plus, a expliqué le Dr Andrus, le choléra «est une maladie qu'on peut prévenir si la population participe activement» aux mesures de prévention.

«Et si l'infection ne peut être évitée, on peut la traiter aisément avec des sels de réhydratation orale pour empêcher la diarrhée», a-t-il dit lors d'une conférence de presse.

«Les sels de réhydratation par voie orale sont très importants dans cette situation», a poursuivi le Dr Andrus. «C'est une technologie très simple qui ne coûte presque rien et sauve des millions de vie», a-t-il souligné.

«Ainsi je pense que nous avons tout en place pour faire face à une situation dont nous savons qu'elle va s'améliorer», a déclaré le responsable de l'OPS.

Il a souligné qu'il était important d'observer des règles d'hygiène personnelle élémentaire comme de se laver fréquemment les mains et de prendre toutes les précautions pour s'assurer que l'eau utilisée est sûre ou traitée comme il se doit et que les aliments consommés sont préparés proprement.

En réponse au risque que l'épidémie se propage en République dominicaine voisine, le Dr Andrus a indiqué que des équipes sanitaires avaient été mobilisées pour s'assurer que les centres de soins et les hôpitaux haïtiens situés à la frontière soient suffisamment bien préparés pour ne pas être débordés.

Il a aussi jugé important de mobiliser les autorités et la population en République dominicaine, précisant qu'une équipe d'épidémiologistes de l'OPS avait été dépêchée sur place.

Le Dr Andrus a indiqué, en réponse à une question, ne rien savoir d'une information selon laquelle des malades auraient été testés positifs à une infection par la bactérie Vibrio, responsable du choléra, il y a déjà une semaine, soit avant que l'épidémie ne soit déclarée.

«Il faut systématiquement vérifier chaque rumeur pour savoir si elle est fondée ou non...», a-t-il dit.

La souche de la maladie a été localisée dans le département de l'Artibonite et dans le fleuve du même nom qui traverse cette région qui a connu un afflux de réfugiés, vivant dans des conditions d'hygiène précaires, après le séisme dévastateur du 12 janvier.

Le choléra est une infection hautement contagieuse pouvant être fatale en quelques heures, et dont la propagation est favorisée par les défaillances des réseaux sanitaires et l'absence d'hygiène et de soins.