Lancée au Québec en 2000, la Marche mondiale des femmes s'est remise en branle hier. La violence contre les femmes dans les zones de conflit est cette année au coeur des préoccupations du mouvement féministe international. Ce sujet est aussi au centre du nouveau mandat onusien de l'ex-présidente chilienne Michelle Bachelet. La Presse l'a rencontrée lors de son passage à Montréal la semaine dernière.

Après que 500 femmes eurent été violées durant l'été en République démocratique du Congo sans que les Casques bleus, basés tout près, n'interviennent, les Nations unies ont fait leur «mea culpa» et promis d'agir promptement. Une semaine plus tard, l'ex-présidente du Chili, Michelle Bachelet, était appelée à la rescousse.

Nommée secrétaire générale adjointe, la politicienne prendra en janvier les rênes d'ONU Femmes. Cette nouvelle entité, qui regroupe quatre anciennes agences onusiennes, aura la responsabilité de veiller à l'avancement du statut des femmes à travers le monde, mais aussi au sein de l'organisation internationale tentaculaire qui mène de front des projets de développement, de maintien de la paix et de droits humains aux quatre coins du monde.

«L'Assemblée générale de l'ONU s'est rendu compte que même s'il y a eu certains progrès, la condition des femmes ne s'est pas encore assez améliorée. Si on regarde les Objectifs du millénaire, on se rend notamment compte que ce sont les objectifs qui sont spécifiques aux femmes, dont ceux sur la santé maternelle, qui ont connu les plus petits progrès», a exposé Mme Bachelet lors d'une entrevue qui a suivi une réception donnée en son honneur la semaine dernière par Reporters sans frontières et le Conseil des relations internationales de Montréal.

Celle qui a été chirurgienne avant de faire le saut dans l'arène politique de son pays est particulièrement sensible aux questions de santé des femmes. Encore aujourd'hui, plus de 342 900 femmes meurent chaque année alors qu'elles tentent de donner la vie. Cette statistique effarante avait d'ailleurs incité Mme Bachelet, alors qu'elle dirigeait le Chili, à mettre sur pied une coalition avec les pays de l'Amérique latine qui s'en sortaient le moins bien à ce chapitre, soit le Paraguay, la Bolivie et l'Équateur.

«Dans ce domaine, nous savons exactement ce qui fonctionne et si nous faisons le nécessaire, le problème peut être réglé. Les besoins dépendent des pays. Il y a des endroits où ça prend de la formation, des médecins, des sages-femmes, alors que dans d'autres, on a besoin d'infrastructures ou d'ambulances pour que les femmes puissent recevoir les soins appropriés», note-t-elle, en promettant de faire de cette question un de ses chevaux de bataille.

Mme Bachelet note cependant que c'est la question de la violence contre les femmes dans les conflits armés qui figure en haut de la liste des questions urgentes.

«C'est urgent, urgent. Nous venons tout juste de voir des viols massifs en République démocratique du Congo et nous devons voir ce que nous pouvons faire pour que ça ne se produise pas à nouveau. Plus jamais», plaide l'ex-politicienne de 59 ans qui, dans son pays d'origine, a elle-même été victime de la violence du régime dictatorial d'Augusto Pinochet.

Au cours des prochains mois, elle travaillera de concert avec le chef des missions de maintien de la paix pour évaluer comment les Nations unies peuvent agir plus efficacement pour prévenir les violences et les viols massifs, comme ceux qui ont été à l'origine du scandale qui a plongé l'ONU dans le pétrin en août en RDC. Les quelque 500 viols perpétrés entre le 30 juillet et le 4 août sont venus s'ajouter à plus de 200 000 autres depuis le début du conflit en 1996. «Déjà, les Casques bleus prennent des mesures pour améliorer la situation, mais nous devrons faire plus de surveillance et suggérer d'autres solutions afin qu'il y ait moins de violence contre les femmes et les fillettes. C'est urgent, et ce, même si la situation n'est pas facile», convient Mme Bachelet.

Fille d'un général de l'armée de l'air assassiné par la dictature chilienne et première femme latino-américaine à avoir été ministre de la Défense de son pays, la nouvelle numéro 2 de l'ONU veut aussi voir plus de femmes impliquées dans les négociations de paix. Des statistiques compilées depuis 1992 démontrent que ces dernières ne forment en moyenne que 10% des délégations appelées à négocier à la fin des conflits.

«Je vais travailler très fort pour que les femmes aient la place qu'elles méritent. Expliquer au monde que les pays s'en sortent mieux quand les femmes ont un rôle central, que ce soit dans l'économie ou en politique», ajoute celle qui a présidé le Chili de 2006 à 2010 et qui, en finissant son mandat, a reçu le plus haut taux d'approbation populaire jamais obtenu par un président chilien.

Le Canada, 18e au monde pour l'égalité homme-femme

Hier, comme chaque année, le Forum économique mondial a publié un rapport sur l'égalité homme-femme, sur les plans économique, politique et social, dans tous les pays du monde. Les pays scandinaves arrivent bons premiers.

1er rang: Islande

2e: Norvège 46e: France

3e: Finlande 132e: Pakistan

4e: Suède 133e: Tchad

8e: Lesotho 134e: Yémen

19e: États-Unis

20e: Canada

46e: France

132e: Pakistan

133e: Tchad

134e: Yémen