Dilma Rousseff, la dauphine du président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, et son rival social-démocrate José Serra, se sont lancés lundi dans la bataille pour le second tour de l'élection présidentielle dont les écologistes détiennent la clé.

L'ancienne ministre chef du gouvernement de Lula, Dilma Roussef, 62 ans, était en bonne position pour être élue présidente le 31 octobre après avoir gagné largement le premier tour avec 46,8% des voix face à José Serra, 68 ans, un ex-gouverneur de Sao Paulo qui a obtenu 32,6% des votes, selon un décompte officiel quasi définitif.

La candidate du Parti Vert, Marina Silva, ex-ministre de l'Environnement de Lula, 52 ans, a obtenu contre toute attente 19,3% des suffrages exprimés, près de six points de plus que prévu par les sondages, et a forcé un ballotage le 31 octobre peu probable à quelques jours du scrutin.

L'analyste Ricardo Ribeiro a expliqué que des rumeurs sur un engagement de Dilma en faveur de la dépénalisation de l'avortement ont conduit les puissantes églises évangéliques à déclarer la guerre à Dilma dans les derniers jours de la campagne.

Un scandale de trafic d'influence ayant contraint à la démission une ministre importante du gouvernement en fin de campagne, a aussi fait perdre des voix à Dilma.

«Le second tour est devenu une réalité et dès mardi on va faire beaucoup de choses. Dilma ne supporte pas la confrontation», s'est réjoui Sergio Guerra, le président national du PSDB cité par le quotidien O Globo.

Au sein du Parti des Travailleurs (PT-gauche) de Lula, le second tour a fait l'effet d'une douche froide et le ton était plus prudent.

«C'est le moment de se montrer humble. Dilma a commencé avec 5% des intentions de vote et a grimpé. Il y a eu un moment où elle a beaucoup progressé et on a cru à une victoire au premier tour. Mais ça ne s'est pas produit. Il est encore trop tôt pour dire ce qui s'est passé», a estimé un des coordinateurs de la campagne, le député Candido Vaccarezza du PT.

Dilma Rousseff devait donner une conférence de presse dans l'après-midi à Brasilia tandis que le comité de campagne de Serra a dit à l'AFP qu'il élaborait encore son agenda pour la journée.

La stratégie immédiate du parti de Lula est de conquérir les voix de l'écologiste, membre du PT pendant trente ans, en faisant appel à son «coeur pétiste» et à son attachement à Lula. Marina est souvent apparue comme l'héritière en jupe de Lula, ayant le même parcours depuis la pauvreté jusqu'au sommet de la politique.

Pour gagner au second tour, Dilma et Serra vont devoir séduire les quelque 19 millions de Brésiliens qui ont voté pour la candidate écologiste.

Selon le quotidien Estado de Sao Paulo, la direction du PSDB envisagerait de changer de ticket présidentiel et d'offrir la place de vice de Serra à un écologiste.

«Les 20% de voix de Marina valent de l'or. Au cours des trois prochaines semaines de campagne, c'est elle qui aura les cartes en main», a déclaré à l'AFP l'analyste Pereira Cesar du consultant CAC.

Le parti Vert est divisé et compte des sympathisants dans les deux camps, mais selon des sondages, «50% des voix de Marina iraient à Serra tandis que 30% se reporteraient sur Dilma», affirme Globo.

La coalition gouvernementale a obtenu une nette majorité au Parlement lors des élections générales de dimanche. Les partis alliés au PT détiennent désormais 55 des 81 sièges de sénateurs, contre 40 avant le scrutin, selon les résultats quasi définitifs.

L'opposition liée à Serra se voit réduite à 26 sièges de sénateurs, dix de moins qu'avant l'élection.

A la Chambre des députés, la coalition gouvernementale a encore plus progressé. Des 464 députés (sur 513) déjà élus dimanche, 286 sont membres de partis alliés au PT et 99 d'opposition.