Le président paraguayen Fernando Lugo, atteint d'un cancer avancé du système lymphatique, a été hospitalisé samedi à Sao Paulo à la suite d'une dégradation de son état de santé, après avoir temporairement transmis ses fonctions à son vice-président, Federico Franco.

Surnommé «l'évêque des pauvres», le premier président de gauche de l'histoire du Paraguay est arrivé en voiture en fin d'après-midi à l'hôpital syro-libanais de Sao Paulo au Brésil, avec sa garde rapprochée et son médecin personnel, Alfredo Boccia, a constaté un journaliste de l'AFP.

M. Lugo, qui a subi une troisième séance de chimiothérapie la semaine dernière, est entré dans le bâtiment en chaise roulante.

Le président a été hospitalisé après l'apparition d'«une formation au niveau du cou en relation avec le cancer (...) en raison de ses faibles défenses», a déclaré à l'AFP par téléphone le porte-parole du président, Augusto dos Santos, précisant qu'il ne s'agissait pas d'une tumeur cancérigène.

M. Lugo avait auparavant transmis temporairement la responsabilité des affaires du pays à son vice-président, Federico Franco, au cours d'une brève cérémonie à la clinique d'Asunción où il était hospitalisé, et d'où il a ensuite été transféré à un aéroport militaire pour se rendre à Sao Paulo.

M. Franco appartient au Parti libéral (centre-droit), allié de M. Lugo lors de son élection en 2008 après 62 ans de gouvernement du Parti colorado (droite). Le Parti libéral lui a toutefois depuis retiré la confiance de ses députés, le laissant en minorité au Parlement.

Le président, qui a quitté la soutane en 2006, pourrait rester à l'hôpital de Sao Paulo jusqu'à la fin de la semaine prochaine, selon son porte-parole.

M. Lugo avait été hospitalisé jeudi à Asunción, la capitale du Paraguay, pour subir des analyses de sang et une radio du thorax, en raison d'une réaction allergique à un produit anesthésique injecté lors d'une intervention dentaire.

Selon la Constitution du pays, un des plus pauvres d'Amérique du Sud, le chef de l'État peut s'absenter du pays pendant cinq jours maximum, après quoi il doit demander une autorisation au Parlement.

«Le président va subir de nouveaux examens et peut-être une intervention chirurgicale», avait déclaré auparavant à Asunción le médecin personnel de M. Lugo, M. Boccia.

Selon des sources médicales, le président présentait des rougeurs au visage et un gonflement au niveau du cou. Après examen, un «processus infectieux» a été détecté au niveau du larynx et de la colonne vertébrale.

«Les infections sont dangereuses chez les patients soumis à une chimiothérapie, ce traitement provoquant une chute draconienne des défenses immunitaires», a expliqué son médecin personnel.

Le président est censé subir encore trois séances de chimiothérapie pour soigner son cancer, détecté il y a un mois de demi.