Les directeurs des médias et les journalistes mexicains ont fait part de leur scepticisme jeudi au lendemain de l'annonce d'un plan gouvernemental visant à les protéger contre les attaques des cartels de la drogue.

«Le gouvernement fédéral est tellement mal en point qu'il ne parvient même pas à protéger ses membres. Alors comment pourrait-il protéger les journalistes? C'est impossible», a déclaré Ismael Bojorquez, directeur de l'hebdomadaire Rio Doce de l'État de Sinaloa (nord-ouest), lors d'un forum réunissant les directeurs des médias de la capitale et des États du nord du Mexique, les plus touchés par la violence.

Ce forum était organisé par la Société Interaméricaine de la Presse (SIP) et le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), dont le siège se trouve à New York.

«Les autorités mexicaines sont dépassées. (...) Je ne pense pas que le moindre maire, secrétaire d'État ou policier puisse nous protéger», a renchéri Leonardo Kurchenko, vice-président de la chaîne Televisa.

Mercredi, le président mexicain, Felipe Calderon, avait annoncé à des représentants de la SIP qu'il travaillait sur un plan de protection des journalistes contre la violence croissante.

Ce projet prévoit «un système d'alerte rapide» et «la création d'un Conseil consultatif pour l'identification des motifs des agressions».

Le chef de l'État avait également confirmé son «engagement» à classer en «délit fédéral» les crimes et agressions contre les journalistes.

Au moins 10 journalistes ont été assassinés cette année au Mexique et autant ont été enlevés ou ont disparu. Plusieurs rédactions ont également subi des attaques attribuées en majorité aux cartels, qui se livrent une lutte acharnée pour le contrôle du trafic de drogue.

La guerre des cartels a fait plus de 28 000 morts depuis décembre 2006, date de l'arrivée au pouvoir de M. Calderon.

Face à ces violences, les directeurs de médias reconnaissent que l'autocensure se développe dans les rédactions et ils proposent de collaborer davantage sur le terrain, en publiant par exemple conjointement des enquêtes.

Ils ont aussi évoqué la possibilité de créer un comité pour être représenté auprès du gouvernement.