Les Vénézuéliens renouvellent dimanche le Parlement lors d'un scrutin aux allures de plébiscite pour ou contre le président Hugo Chavez, alors que l'opposition espère faire un retour en force après avoir boycotté les dernières législatives.

L'enjeu pour le chef de file de la gauche radicale latino-américaine est de contrôler les deux tiers de l'Assemblée nationale (monocamérale) pour «radicaliser» son projet socialiste sans obstacles majeurs.

Mais c'est aussi l'élection présidentielle de 2012. «Je fais chauffer le moteur. Cela sent 2012!», a lancé le président, 56 ans, qui se dit «prêt» pour un nouveau mandat de six ans.

Les législatives vont marquer le retour de l'opposition, absente du Parlement ces cinq dernières années pour avoir boycotté le précédent scrutin de 2005. Une «erreur», de son propre aveu, qu'elle ne veut pas répéter.

Actuellement, le Parlement est quasi-totalement contrôlé par les partisans de Chavez.

Très fragmentée, l'opposition se présente unie cette fois-ci, espérant profiter de la dégradation des conditions de vie dans le pays miné par une insécurité croissante, une hausse des prix record et des coupures de courant à répétition.

Malgré la rente des hydrocarbures, le Venezuela, qui possède les deuxièmes réserves prouvées de pétrole derrière l'Arabie Saoudite, est englué dans une crise économique, avec un PIB en baisse de 3,5% au premier semestre en glissement annuel.

«J'ai espoir que le processus qui nous est imposé va revenir en arrière. Dans les rues, le peuple dit maintenant qu'il ne croit plus en ce gouvernement», dit Juan José Molina, député du parti Podemos, dissident du «chavisme».

Les sondages donnent les partisans de Chavez et l'opposition au coude-à-coude. Mais un nouveau découpage électoral fait que l'opposition, même en obtenant plus de voix, pourrait obtenir moins de députés.

Selon Jesse Chacon, de l'institut de sondage GIS XXI, proche du gouvernement, les pro-Chavez peuvent tabler sur 50,6% à 54,6% des voix, ce qui leur assurerait 110 sièges sur 165.

Un tel scénario permettrait au gouvernement de continuer à contrôler les nominations clefs au Tribunal suprême, au Parquet et au Conseil électoral supervisant les scrutins, sans avoir à négocier avec l'opposition.

De plus, il suffit de 99 sièges pour donner au président des pouvoirs exceptionnels pour légiférer et accélérer la mise en oeuvre du «socialisme du XXIe siècle».

Depuis 2007, Chavez a entamé une étape de nationalisations de secteurs clefs de l'économie, comme les hydrocarbures.

Elu à trois reprises avec une nette majorité, cet ancien militaire auteur d'un coup d'État manqué en 1992, admirateur du leader de la révolution cubaine Fidel Castro et bête noire des États-Unis, reste très populaire, surtout parmi les plus démunis qui sont la cible de ses nombreux programmes sociaux.

«Chavez avance vers un contrôle de la société, pas seulement de l'État», «c'est un projet totalitaire qui avance par étapes, et les élections sont l'une d'elles», dénonce son ancien responsable de campagne et docteur en droit politique, Alexander Luzardo.

Atout principal de son camp, le «président-député», comme le surnomme Luzardo, a occupé le devant de la scène pendant toute la campagne, arborant sa chemise rouge chaque jour dans des meetings.

Près de 18 millions Vénézuéliens sont appelés aux urnes de 12H30 GMT à 00H30 GMT dimanche.