Le chef de la diplomatie cubaine, Bruno Rodriguez, a accusé mercredi le président américain Barack Obama d'avoir trahi ses promesses de changer la politique de Washington à l'égard de l'île communiste et d'avoir en fait renforcé l'embargo contre La Havane.

M. Obama «a parlé d'un nouveau départ avec Cuba, de changer la relation» avec La Havane, mais «il y a un vide, un gouffre, une contradiction essentielle entre le discours (initial) du président Obama et ses actes par rapport» à l'île caribéenne, a-t-il déclaré.

«La politique d'embargo n'a pas changé du tout ces deux dernières années sous la présidence d'Obama (...), elle s'est renforcée», a-t-il ajouté à l'occasion de la présentation du rapport annuel sur les effets de l'embargo américain imposé à Cuba depuis 1962.

Ce blocus économique a coûté 100 milliards de dollars à l'île, selon La Havane qui présentera son rapport le 26 octobre à l'Assemblée générale de l'ONU.

Selon M. Rodriguez, M. Obama a même davantage sanctionné financièrement les compagnies et banques ayant des relations avec Cuba que son prédécesseur républicain George W. Bush.

Il déplore aussi que les Américains ne puissent toujours pas se rendre librement dans l'île et que M. Obama n'ait pas facilité les voyages à Cuba pour les universitaires, artistes et ecclésiastiques, comme l'avait fait un autre de ses prédécesseurs, démocrate comme lui, Bill Clinton.

Le gouvernement américain, les exilés et les dissidents cubains estiment que l'embargo sert de «prétexte» au régime castriste pour justifier l'inefficacité de sa politique économique, alors que les Cubains souffrent de pénuries récurrentes.

Le secrétaire d'Etat adjoint américain pour l'Amérique latine, Arturo Valenzuela, a même estimé mardi que le récent plan du gouvernement cubain visant à supprimer 500 000 emplois publics d'ici à mars et à élargie en même temps le secteur privé était la preuve qu'il «reconnaissait» l'«échec» de son modèle.

M. Obama a levé les restrictions sur les transferts d'argent et les voyages des Américains d'origine cubaine en avril 2009, mais il a toujours lié la levée de l'embargo à l'amélioration de la situation des droits de l'homme dans l'île.