Wyclef Jean, la star internationale du hip-hop qui rêvait de devenir président d'Haïti, son pays de naissance, a été définitivement écarté de la course à l'élection prévue le 28 novembre, a déclaré vendredi l'institution électorale haïtienne.

«Au regard de la loi et pour le Conseil électoral provisoire (CEP) la liste des candidats admis dans la course est définitive», a déclaré M. Durand Jeanty un des avocats de l'institution électorale.

Interrogé aux Etats-Unis par la chaîne de télévision CNN, le chanteur a accusé «certaines parties du gouvernement d'avoir conspiré pour empêcher les candidats de la diaspora de revenir pour aider le pays».

«Nous allons contester cette décision parce qu'il faut que la vérité soit connue», a-t-il ajouté, évoquant «une tricherie».

Ses avocats ont annoncé en début de semaine que le candidat débouté allait saisir la cour interaméricaine des droits de l'homme (CIDH) et des tribunaux haïtiens pour défendre ses droits.

Mais «la décision du bureau du contentieux électoral n'est susceptible d'aucun recours, une décision de la CIDH ne pourra pas être imposée au CEP», a soutenu Me Samuel Pierre, un des avocats du Conseil électoral.

Le CEP a publié la semaine dernière la liste des 19 candidats autorisés à concourir pour succéder au président René Préval, dont le mandat arrive à terme le 7 février 2011.

Les candidatures de 15 personnalités haïtiennes ont été rejetées et parmi elles celle du chanteur qui vit aux Etats-Unis depuis son enfance, mais qui revenait souvent au pays ces dernières années pour aider ses compatriotes frappés par une série de catastrophes naturelles.

«Wyclef n'a jamais vécu en Haïti pendant cinq années consécutives, c'est sur cette base que sa candidature a été contestée», a expliqué un autre avocat du Conseil électoral.

Sur ce point, le chanteur a déclaré sur CNN que la loi haïtienne stipulait que tout candidat devait avoir une résidence dans le pays, ce qui est son cas, et non qu'il devait avoir passé les cinq années écoulées sur place sans interruption.

Dans une chanson diffusée sur les ondes de radios haïtiennes, Wyclef Jean dénonce son éviction de la course à la présidence, y voyant la main du président Préval.

«Je conteste, je ne suis pas d'accord, je conteste, je vais au tribunal pour contester. Le président Préval m'a jeté en dehors de la course», chante Wyclef Jean en créole.

Les avocats du CEP se sont défendus d'avoir été soumis à des pressions politiques pour éliminer des candidats et en garder d'autres. «Nous avons agi en fonction de la loi», a répondu Me Durand Jeanty.