La dépression commence à affecter quelques uns des 33 mineurs bloqués au fond d'une mine chilienne depuis 22 jours, malgré le bon moral affiché par le groupe dans une vidéo filmée à 700 m sous terre, et l'imminence du forage d'un puits de secours.

«Cinq des mineurs sont isolés, ne s'alimentent pas bien, et ne veulent pas apparaître sur la vidéo», a déclaré vendredi à la presse le ministre de la Santé, Jaime Manalich, après une «enquête de nature psychologique» réalisée auprès des hommes du fond.

«Dépression est le mot qui convient», a-t-il dit, ajoutant que ces cinq hommes devaient avoir dans les heures à venir un entretien à distance avec un psychiatre.

Manalich a en revanche rapporté un «progrès significatif» de l'état général des mineurs. «On a réussi à les hydrater, ils ne se plaignent pas de la soif, leurs urines sont normales, et les diarrhées qui étaient apparues à cause de l'eau qu'ils buvaient en bas se sont arrêtées».

En surface, les secouristes installaient le puissant excavateur de 30 tonnes de conception australienne, qui doit forer à un angle quasi-vertical un conduit de 700 m de long et 66 cm de large, par lequel les mineurs seront extraits un par un.

Ces opérations prendront trois à quatre mois, délai dont les mineurs sont conscients, a assuré Andres Sougarret, l'ingénieur coordonnant les travaux. Le ministre Manalich avait auparavant dit aux mineurs espérer les sortir «avant Noël».

«Nous avons fini (d'installer) la plate-forme (de béton) où la machine sera installée (...) nous espérons commencer à perforer dimanche ou lundi», a déclaré à la presse Sougarret, sur le site de San José, à 800 km au nord de Santiago.

Il a révélé qu'une troisième sonde a atteint jeudi la cavité des mineurs, et devrait intensifier l'acheminement d'eau et la ventilation.

Aux abords de la mine, les familles des mineurs continuaient de parler de la vidéo revigorante diffusée jeudi soir par le ministère des Mines. Ces premières images des mineurs, filmés par l'un d'eux avec une caméra envoyée de la surface, montrent leur organisation, leur moral, leurs activités.

La vidéo fait 45 minutes au total, et dans les extraits diffusés par la chaîne publique TVN, on aperçoit une vingtaine de mineurs, tous torses nus en raison des plus de la température (32 degrés).

L'un des hommes, Mario Sepulveda, barbe fournie, fait une «visite guidée» de l'espace où ils sont confinés depuis un éboulement le 5 août, mais ravitaillés depuis cinq jours par des sondes.

«Ici nous avons tout bien organisé», explique-t-il, en montrant un coin-pharmacie équipé d'alcool, de médicaments, de déodorant, de dentifrice, envoyés plusieurs fois par jour de la surface. «Ici, c'est le coin où nous nous divertissons, où nous avons une réunion tous les jours, où nous planifions. Ici, c'est là où nous prions», poursuit le mineur, en se déplaçant de quelques mètres, dans l'obscurité.

«Là, quelques collègues ont fait tout leur possible, et on a inventé un domino», en désignant un jeu sur une table. Derrière lui, on entend des rires.

Plusieurs mineurs saluent au passage la caméra, font le V de la victoire, improvisent quelques mots. «Salut à ma famille, sortez-nous vite s'il vous plait», lance l'un d'eux.

«Quand on nous sort, on va faire une p... de fête», lance Victor Zamora.

«Je m'attendais pas à autre chose de lui», a déclaré à l'AFP son frère Alejandro. «C'est émouvant. On le voit bien. Il n'a pas perdu tant de poids que ça. Des moustaches lui ont poussé, ont dirait (Charlie) Chaplin...»