Les autorités chiliennes cherchaient mercredi à maintenir le moral et prévenir un «abattement» des 33 mineurs piégés sous terre depuis 20 jours, désormais informés que leur sauvetage sera long.

«Nous avons pu leur dire plus ou moins qu'ils ne pourront pas être secourus avant la Fête nationale (le 18 septembre), et que nous espérons être avec eux avant Noël», a déclaré à la presse le ministre de la Santé Jaime Manalich, ajoutant que cette «fenêtre encore large» leur sera précisée au fur et à mesure.

Activités au fond de la mine, va-et-vient de lettres: l'objectif est maintenant de leur donner la force de tenir les trois à quatre mois prévus avant leur sortie de l'«enfer», à 700 mètres sous terre dans la mine de cuivre et d'or de San José, ville du nord du pays andin.

Après l'euphorie du contact dimanche et des échanges depuis 72 heures, les autorités ont prédit une baisse du moral des mineurs, une phase d'abattement.

«Il serait naïf de croire qu'ils vont être capables de conserver le mental incroyable dont ils ont fait preuve pendant si longtemps», a déclaré Manalich. Même si à ce jour, «on ne perçoit pas de changement d'état d'esprit».

Les familles des mineurs ont reçu un premier «retour» de courrier du fond de la mine, après les missives d'encouragement envoyées en bas quelques heures plus tôt.

«Je lui avais écrit que c'était un miracle», a expliqué à la presse Carmen, épouse du mineur Juan Illanes. «Et il m'a répondu «tu as raison, c'est un miracle. Et nous devons l'apprécier en rendant grâce à Dieu»».

Esteban Rojas, 44 ans, marié à Jessica Yanez depuis 25 ans, mais civilement seulement, lui a promis: «Quand je sors, on achète la robe et on se marie» à l'église.

En marge des lettres, des paquets, s'installait pour les mineurs «une routine de travail par rotations diurne et nocturne, de jeux, d'évaluation médicale, de gestion sanitaire, des déchets ou des vêtements qu'on enverra pour éviter l'infection», a déclaré le ministre.

Les mineurs ont déjà reçu des thermomètres, tensiomètres, kits d'analyses d'urine, de poids.

«Nous devons nous imaginer qu'ils vont recevoir une visite médicale tous les jours et établir des règles nutritionnelles et cliniques pour chacun», a précisé le ministre.

Ils ont aussi reçu en «repas» une soupe concentrée de moins d'un demi-litre, saveur chocolat ou framboise, à ingurgiter lentement: 10 centilitres toutes les six heures. Mais pas d'aliments solides avant trois-quatre jours.

Les mineurs devront aussi dessiner une carte de leur environnement pour l'utiliser au mieux, prélever de l'eau de ruissellement pour analyse.

Mais les 33 hommes ont donné mardi soir un aperçu de leur détresse, dans un dialogue par radiotéléphone avec le président Sebastian Pinera. Que le Chili «fasse l'effort nécessaire pour nous sortir de cet enfer», a demandé Luis Urzua, qui se présente comme leur chef de quart.

Selon les secouristes, il faudra trois à quatre mois pour extraire les hommes, une fois qu'un puissant excavateur aura percé un conduit vertical de 66 cm de diamètre d'où ils seront extraits un à un.

Le forage ne devait pas commencer avant dimanche.

En surface, les familles s'organisaient pour pallier le manque de revenus, d'autant que la mine San Esteban, proche de la faillite, a douté de pouvoir payer les mineurs.

Conseillées par des municipalités minières de la région, les familles vont s'assurer l'exclusivité d'expressions liées au calvaire des mineurs, et déjà passées dans le langage courant.

Ainsi, «Nous allons bien, les 33 dans le refuge», les premiers mots d'espoir griffonnés par les mineurs et ramenés du fond dimanche, seront bientôt des marque déposées, disponibles sur polos et tee-shirts.