Six nouveaux prisonniers politiques cubains seront «prochainement» libérés pour partir en exil en Espagne dans le cadre de la libération graduelle de 52 opposants condamnés en 2003, dont 26 sont déjà libres et à l'étranger, a annoncé mardi l'Église catholique cubaine.

Par ailleurs, le cardinal Jaime Ortega est intervenu auprès des autorités pour que le dissident Juan Juan Almeida, 44 ans, fils «honni» d'un commandant historique de la Révolution décédé l'an dernier, puisse obtenir un permis de sortie pour rejoindre son épouse et sa fille exilés aux États-Unis, après deux années d'attente et plusieurs brèves détentions, a indiqué à l'AFP Orlando Marquez, porte-parole du cardinal.

De leur côté, Victor Arroyo, 56 ans, Alexis Rodriguez, 40 ans, Leonel Grave de Peralta, 34 ans, Alfredo Dominguez, 48 ans, Prospero Gainza, 53 ans, et Claro Sanchez, 57 ans, condamnés en mars 2003 à des peines allant de 14 à 26 ans de prison pour leurs activités anticastristes, partiront «prochainement» en Espagne avec leur famille, selon un communiqué de l'Église, médiatrice dans ce dossier.

Ces libérations porteront à 32 le nombre total d'opposants libérés depuis juillet par le gouvernement de Raul Castro, qui a promis d'en libérer encore 20 autres d'ici novembre dans le cadre d'un accord avec l'Église catholique.

Tous les opposants libérés, arrêtés en mars 2003 lors d'une vague de répression contre la dissidence, se trouvent actuellement en Espagne, à l'exception d'un seul qui a été accueilli par le Chili.

L'Église avait par ailleurs obtenu en juin la libération d'un premier prisonnier politique, Ariel Sigler, qui a, lui, trouvé refuge aux États-Unis.

L'aile dure de la dissidence cubaine, opposée à tout compromis avec le régime castriste et favorable à l'embargo américain, a critiqué la semaine dernière le départ en exil des opposants, estimant qu'il «bénéficiait à la dictature».

L'Église et Madrid ont cependant toujours assuré que les départs en exil s'effectuaient sur une base volontaire.

«On ne sait pas ce qui va se passer avec les prisonniers qui refusent de partir en exil, mais de toute évidence ils seront les derniers à être libérés. Certains prisonniers ont aussi exprimé le souhait de partir directement pour les États-Unis où ils ont de la famille», a déclaré à l'AFP l'économiste dissident Oscar Espinosa, lui-même un ancien prisonnier politique ayant choisi de rester à La Havane après sa libération en 2004.

Les États-Unis se sont déclarés disposés à accueillir les prisonniers cubains qui en feront la demande, sujet qui avait été évoqué lors de la visite du cardinal Ortega à Washington début août.

À l'issue de ce processus de libérations, l'île communiste devrait encore compter, selon la dissidence, une centaine de prisonniers politiques qui sont considérés par les autorités cubaines comme des mercenaires à la solde des États-Unis.

Cuba détient par ailleurs depuis décembre un sous-traitant américain de USAID (l'Agence américaine d'aide au développement), Alan Gross, 61 ans, soupçonné d'être un agent des services de renseignement.