Amnesty International soupçonne un réseau de traite des blanches de sévir à Ciudad Juarez, la ville la plus meurtrière du Mexique, où de plus en plus de jeunes femmes ont disparu ces trois dernières années, a annoncé mardi l'organisation de défense des droits de l'Homme.

De tels soupçons avaient déjà été exprimés dans cette ville de 1,3 million d'habitants à la frontière américaine du Texas, où plus de 400 jeunes femmes avaient été assassinées entre 1993 et 2003. Elles étaient brunes, aux cheveux longs, leurs cadavres étaient mutilés, et la majorité de ces crimes étaient restés impunis.

«Les disparitions de jeunes femmes à Ciudad Juarez ont augmenté de 400% depuis l'entrée en vigueur en 2007 de l'Opération conjointe Chihuahua» contre la criminalité, a déclaré un avocat d'Amnesty, David Pena, en marge d'une conférence à Mexico.

«En 2007, six disparues, 18 en 2008, 22 en 2009 et déjà 26 en 2010», a-t-il précisé à l'AFP.

«Nous soupçonnons une importante activité de traite des blanches, mais nous n'avons pas pu nous informer car les conditions de sécurité à Ciudad Juarez ne permettent même pas d'enquêter», a-t-il ajouté.

Les autorités de l'État de Chihuahua, dont Ciudad Juarez est une des plus grandes villes, «ont une réticence très préoccupante à ouvrir des enquêtes», a souligné le président d'Amnesty Mexique, Alberto Herrera.

Ciudad Juarez est le principal champ de bataille de la «guerre des cartels» mexicains, qui se disputent le contrôle du trafic et l'approvisionnement du marché américain, premier client mondial de la cocaïne.

Cette «guerre», entre règlements de comptes et affrontements avec l'armée et la police, a fait selon des chiffres officiels environ 28 000 morts depuis l'arrivée au pouvoir en décembre 2006 du président Felipe Calderon, qui a fait déployer contre les trafiquants 50.000 militaires en renfort de la police.