La star internationale du hip-hop Wyclef Jean ne pourra pas se présenter à l'élection présidentielle d'Haïti en novembre pour succéder à l'actuel président René Préval, a indiqué vendredi soir le conseil électoral provisoire (CEP) aux journalistes réunis sur place à Port-au-Prince.

L'annonce a été faite après de longues heures d'attente toute la journée de vendredi et après que le Conseil ait renoncé une première fois mardi à publier la liste des candidats qui pourront se présenter le 28 novembre pour succéder à René Préval.

Outre Wyclef Jean, de loin le plus connu des candidats et très populaire parmi la jeunesse, 32 autres personnalités étaient sur les rangs.

Le scrutin pour élire le prochain président d'Haïti, ravagé par le séisme du 12 janvier, est prévu le 28 novembre mais des doutes persistent sur la capacité des autorités à maintenir cette échéance.

La police haïtienne et les Casques bleus de la mission de l'ONU étaient déployés devant les bureaux du Conseil électoral pour éviter tout débordement.

Annoncée mardi, la publication de la liste définitive des candidats a été reportée au dernier moment à vendredi par le CEP, soupçonné de vouloir écarter certaines candidatures dont celle du chanteur, très populaire en Haïti.

Jeudi soir, la star internationale du hip-hop a lancé un appel au calme à ses partisans, après que près de 300 jeunes aient manifesté sans incident dans les rues et devant le siège du Conseil électoral à Pétion-ville, banlieue de la capitale, pour lui apporter leur soutien.

«Nous sommes venus défendre une cause juste, Wyclef est un Haïtien d'origine, il a le droit de participer à l'élection et nous voulons l'élire président», a déclaré un jeune manifestant sous une forte pluie.

Wyclef Jean a rencontré jeudi le président Préval à l'invitation de ce dernier dans la résidence privée du chef de l'État dans les hauteurs de Port-au-Prince, et les deux hommes ont évoqué «les menaces de mort» reçues ces derniers jours par le chanteur, a-t-on appris dans l'entourage de M. Jean.

Outre Wyclef Jean, qui vit aux États-Unis, un autre chanteur populaire haïtien, Michel Martelly, alias Sweet Micky, s'est porté candidat, de même que l'ambassadeur d'Haïti à Washington, Raymond Joseph. Un ancien premier ministre de l'ex-président Jean-Bertrand Aristide -en exil en Afrique du Sud- s'est enregistré, tandis que son parti La Fanmi Lavalas n'a pas été admis à présenter de candidat.

Empêché par la Constitution de solliciter un nouveau mandat, René Préval n'a pas réussi à imposer à sa formation politique INITE (unité en créole) son ex-premier ministre Jacques-Edouard Alexis, finalement soutenu par un autre parti.

Des rumeurs accusent le pouvoir de chercher à évincer Wyclef Jean pour non respect de certains critères légaux et des questions relatives au fisc américain.

Mais pour Me Joël Petit-Homme, l'un des avocats de la star, «aucune influence politique ne devrait empêcher M. Jean de briguer la présidence d'Haïti».

«Nous avons prouvé que M. Jean possédait une résidence en Haïti, où il est en plus actionnaire majoritaire d'une chaîne de télévision. Ses déclarations fiscales aux États-Unis ne peuvent pas être traitées en Haïti», a-t-il ajouté.

Depuis son retour au pays la semaine dernière, le chanteur -qui a mis sa carrière en veilleuse pour briguer la présidence- ne s'est pas prononcé publiquement dans la presse.

Il fait par ailleurs face à des critiques reprises dans les médias haïtiens sur la gestion douteuse de sa Fondation Yélé Haïti, mise sur pied pour venir en aide à ses compatriotes frappés ces dernières années par de nombreuses catastrophes naturelles.