Deux ex-détenus politiques cubains sont arrivés jeudi à Madrid, a constaté un photographe de l'AFP, et un troisième devrait atterrir vendredi, chiffrant à 26 le nombre d'opposants au régime castriste libérés grâce notamment à la médiation de l'Église catholique cubaine.

Le journaliste Juan Carlos Herrera Acosta, 44 ans, a débarqué en premier sur le sol espagnol, à bord d'un vol qui a atterri à 12H15 à l'aéroport de Madrid Barajas.

Un autre journaliste, Fabio Prieto Llorente, 47 ans, est arrivé dans un deuxième avion, qui a atterri au même aéroport à 13H45.

À leur arrivée, les deux dissidents ont tenu à dénoncer publiquement le harcèlement que subit, selon eux, la mère d'un de leurs compagnons, Orlando Zapata, décédé en février après trois mois et demi de grève de la faim.

«Ils l'empêchent d'aller à l'église pour prier son fils», a déclaré à la presse Juan Carlos Herrera Acosta, qui a voulu «lancer un appel au monde entier, à l'Union européenne, à la communauté des nations démocratiques pour qu'elles se prononcent contre cette barbarie».

«Que personne ne s'attende à des changements avec les Castro», a-t-il prévenu, estimant que le président cubain Raul Castro et son frère Fidel sont «des capitalistes déguisés qui saignent notre nation depuis 51 ans».

«Le régime reste le même, corrompu et militaire», a ajouté Fabio Prieto Llorente, qui s'est dit «heureux de retrouver la liberté, mais triste de savoir que Cuba reste la même».

Les deux dissidents ont voyagé en compagnie de 16 proches, dont «un membre de la famille d'un des ex-prisonniers arrivé lundi», a-t-on indiqué à l'AFP de source diplomatique, sans donner plus de détails.

Lundi, trois détenus politiques cubains, Marcelo Cano, un médecin de 45 ans, Efren Fernandez, 57 ans, militant d'un mouvement démocratique illégal, et Regis Iglesias, 40 ans, ancien porte-parole du Mouvement illégal chrétien Libération, étaient arrivés à Madrid.

Vendredi doit atterrir en Espagne Juan Adolfo Fernandez, journaliste de 61 ans, ce qui complètera la liste de six opposants dont la libération a été annoncée le 13 août.

Un premier transfert à Madrid d'ex-détenus politiques cubains avait été organisé en juillet, à la suite d'une médiation sans précédent menée par l'Église catholique cubaine et la diplomatie espagnole avec le président Raul Castro.

Ce dernier s'est engagé début juillet à libérer progressivement, sur une période de quatre mois, 52 prisonniers sur un groupe de 75 condamnés en 2003 pour des activités anticastristes.

La plupart de ceux déjà libérés ont choisi de partir en exil en Espagne: 26 au total, en comptant le dernier qui doit arriver, Juan Adolfo Fernandez.

À l'issue de ce processus de libérations, l'île communiste devrait encore compter, selon la dissidence, une centaine de prisonniers politiques qui sont considérés par les autorités cubaines comme des mercenaires à la solde des États-Unis.