La Cour suprême du Mexique a rabroué verbalement lundi le numéro deux de l'Église catholique du pays, qui avait accusé la veille ses juges d'avoir touché de l'argent pour homologuer la loi sur le mariage homosexuel adoptée par la municipalité de Mexico.

«Nul doute que (les juges) ont été largement soudoyés par (le maire de Mexico, Marcelo) Ebrard. Ils ont été largement soudoyés par les organismes internationaux», avait déclaré le cardinal Juan Sandoval Iniguez, archevêque de Guadelajara, ville de l'ouest du pays.

«On ne peut en aucun cas accuser impunément de corruption les onze magistrats du plus haut tribunal du pays», a déclaré le juge Sergio Armando Valls, qui a proposé à ses collègues de la Cour une motion de censure contre le prélat, approuvée à l'unanimité.

Il ne s'agit toutefois que d'une sanction purement verbale, sans conséquences concrètes, indique-t-on de source judiciaire.

La position de la Cour suprême donne cependant un signal fort, dans un pays éminemment catholique et gouverné à droite, où l'Église et les conservateurs critiquent sévèrement les lois progressistes adoptées par la municipalité de gauche de Mexico.

Le 5 août, la Cour suprême avait déclaré constitutionnelle une loi votée en décembre par la capitale, autorisant les unions entre personnes de même sexe. Elle avait été saisie par le gouvernement fédéral dirigé par le Parti d'action nationale (PAN, conservateur) du président Felipe Calderon, qui voulait faire révoquer cette loi.

La cour doit se prononcer également cette semaine sur la possibilité d'adoption par des couples homosexuels, incluse dans la loi adoptée à Mexico en décembre.

Ces adoptions seraient «une aberration», avait affirmé lundi le cardinal. «Ca vous plairait, à vous, d'être adopté par un couple de pédés ou de lesbiennes?», avait-il lancé aux journalistes.

Les premiers mariages homosexuels à Mexico, masculins et féminins, ont été célébrés en mars dernier.

La capitale mexicaine avait déjà dépénalisé l'avortement en 2007 et ses députés examinent maintenant l'autorisation du principe des «mères porteuses», ce qui constituerait également une «première» latino-américaine.