Le gouvernement bolivien et des représentants des grévistes de Potosi, région minière paralysée depuis deux semaines par une grève générale, ont repris samedi matin des négociations pour mettre fin à leur conflit qui porte sur des revendications de ce département andin pauvre.

La grève lancée le 31 juillet a bloqué dans la région plus d'une centaine de touristes, en majorité des Français et des Argentins, pour certains pendant une dizaine de jours dans la ville de Potosi, dans le sud de la Bolivie.

La plupart de ces touristes ont pu quitter la Bolivie après avoir été évacués par petits groupes de la zone en grève, a annoncé samedi le chef de la police nationale, le général Oscar Nina.

«Nous avons évacué pratiquement tous les touristes et nous sommes en train de ramener un ultime contingent de la localité d'Uyuni», via le département voisin d'Oruro, a expliqué le général Nina.

La région abrite un célèbre site touristique, le Salar d'Uyuni, le plus vaste désert salin du monde s'étendant sur environ 10 000 km2 à 3600 mètres d'altitude.

Les négociations avec les grévistes, auxquelles participaient cinq ministres du gouvernement, selon les autorités centrales, se déroulaient à Sucre, à 150 km de Potosi où se poursuivaient le blocage des routes d'accès et une grève de la faim de plus de mille personnes.

Ville minière de 160 000 habitants, Potosi est dirigée par un maire de gauche mais opposant au président socialiste Evo Morales. La grève générale qui paralyse et isole l'agglomération, unit syndicats et secteur privé, mais aussi élus locaux.

Quelques étrangers se trouvaient encore samedi dans la ville, des touristes mais aussi 24 Français engagés dans des activités humanitaires, ont constaté des correspondants de l'AFP.

Les grévistes regroupés dans un Comité civique de Potosi (Comcipo) réclament de l'Etat davantage d'investissements dans ce département sous-développé du sud bolivien, notamment dans un aéroport international, une route, la réouverture d'une mine et la création d'une usine de ciment.

Les négociateurs ont formé six groupes de travail sur les différentes revendications.

Le président du Comcipo, Celestino Condori, a déclaré à la presse à Sucre que pour les grévistes, il était important qu'à un moment des négociations, M. Morales y participe personnellement «pour donner les garanties que les accords conclus (entre les deux parties) seront effectivement mis en oeuvre».

En réponse, le ministre de la présidence Oscar Coca a réaffirmé que M. Morales était prêt à recevoir au siège du gouvernement à La Paz une délégation des grévistes à condition que les mouvements de protestation cessent à Potosi.

Mardi, un premier round de négociations à Sucre s'était terminé sans résultat. Leur reprise éloigne pour l'instant la menace des grévistes d'occuper l'usine minière de San Cristobal, qui appartient au groupe japonais Sumitomo, pour faire pression sur le gouvernement.