Le président cubain Raul Castro a écarté dimanche devant le Parlement tout assouplissement à l'égard des «ennemis de la Patrie» après sa décision de libérer 53 opposants et souligné l'importance de l'«unité» pour surmonter les graves difficultés socio-économiques.

«La Révolution peut être généreuse parce qu'elle est forte et sa force réside dans l'appui majoritaire du peuple (...) en conséquence il n'est pas vain de rappeler qu'il n'y aura pas d'impunité pour les ennemis de la Patrie, pour ceux qui tentent de mettre en danger notre indépendance», a déclaré Raul Castro qui s'exprimait pour la première fois en public sur sa décision de libérer 53 opposants qui avait été saluée par Washington et Bruxelles.

«Que personne ne se laisse tromper. La défense de nos conquêtes sacrées, de nos rues et de nos places, va rester le premier devoir des révolutionnaires», a-t-il ajouté à la clôture de la séance bi-annuelle du Parlement diffusée en différé par la télévision cubaine.

Après la libération d'un premier opposant grâce à sa médiation en juin, l'Eglise catholique de Cuba avait annoncé à la mi-juillet les libérations des 52 opposants restant en prison de la répression de mars 2003. 20 de ces prisonniers sont déjà libres et ont été accueillis par l'Espagne. Un autre opposant, libéré en juin, se trouve, lui, aux Etats-Unis.

«Il faut rappeler qu'aucun de ces citoyens n'a été condamné pour ses idées» mais pour avoir «commis des délits au service du gouvernement des Etats-Unis et de sa politique de blocus et de subversion», a affirmé le général Castro, 79 ans, qui a pris la relève il y a exactement quatre ans de son aîné Fidel, qui aura 84 ans le 13 août.

L'île communiste devrait compter encore une centaine de prisonniers politiques au terme de ce processus de libération, selon la dissidence.

Fidel Castro, qui a multiplié en juillet les sorties publiques, n'est pas apparu à cette séance parlementaire mais a cependant reçu dimanche le chef de la diplomatie chinoise en visite à La Havane, Yang Jiechi, selon les médias cubains.

Raul Castro a par ailleurs estimé que «rien n'a changé» avec l'arrivée à la Maison-Blanche de Barack Obama il y a un an et demi, «même s'il y a moins de rhétorique et des conversations bilatérales occasionnelles sur des thèmes spécifiques et limités», notamment les migrations.

Sur le plan intérieur, il a reitéré que des changements socio-économiques attendus avec impatience par la population interviendraient «pas à pas, au rythme que nous déterminerons nous-mêmes» pour éviter toute erreur.

Alors que la pression s'accentue au sein même du Parti communiste, il a écarté une «lutte de tendances» tout en soulignant l'importance de «l'unité entre les révolutionnaires, la direction de la Révolution et la majorité du peuple (...) pour continuer à perfectionner le socialisme».

Raul Castro a annoncé d'ici la fin du premier trimestre de 2011 «une modification du traitement laboral et salarial» pour des dizaines de milliers de travailleurs «mis en disponibilité», en d'autres mots les chômeurs qui devront accepter de se tourner vers des secteurs manquant de main-d'oeuvre.

Autres projets annoncés: la construction de 16 terrains de golf comprenant des villas à vendre pour de riches acheteurs étrangers - une première depuis la crise économique des années 1990 - et l'extension de la privatisation des petits commerces commencée il y a trois mois avec les salons de coiffure.

A court de devises depuis un an et demi en raison d'une baisse des recettes liées au tourisme, l'Etat cubain cherche à réduire ses dépenses, notamment les importations de nourriture, et à stimuler la production locale.