Avec sept apparitions publiques en moins d'un mois et la publication de mémoires prévue début août, Fidel Castro tient de nouveau le haut du pavé médiatique à Cuba, quatre ans après une grave maladie l'ayant contraint à céder la présidence à son très discret frère Raul.

Affichant une forme surprenante, le charismatique «comandante», qui aura 84 ans le 13 août, est soudain sorti de sa réserve ce mois-ci pour multiplier les rencontres très médiatisées avec diplomates cubains, économistes, artistes, intellectuels...

L'activité du père de la Révolution cubaine devrait se poursuivre dans les prochaines semaines alors qu'il a annoncé la publication début août de ses mémoires sur une victoire de ses guérilleros déployés dans la Sierra Maestra (sud-est) qui allait conduire, le 1er janvier 1959, à la chute du dictateur Fulgencio Batista.

La Victoire stratégique, un ouvrage écrit en collaboration, comprendra une «petite autobiographie» pour, selon Fidel Castro, «répondre aux innombrables questions qui (lui) ont été posées sur l'enfance, l'adolescence et la jeunesse, étapes qui (l)'ont converti en révolutionnaire et combattant armé».

Fidel Castro avait déjà évoqué ces périodes de sa vie dans un livre d'entretiens (Fidel Castro, Biographie à deux voix) datant de 2006.

Une grave opération chirurgicale aux intestins avait contraint Fidel Castro à céder le 31 juillet 2006 la présidence de l'État à Raul qui, dans l'ombre de son aîné, était à la tête des forces armées depuis un demi-siècle. Fidel Castro a toutefois conservé le siège de premier secrétaire du Parti communiste.

Un Fidel Castro convalescent avait entamé en mars 2007 la publication de ses «réflexions» sur l'actualité - essentiellement mondiale - dans la presse officielle cubaine. Il avait effectué quelques rarissimes et très discrètes sorties publiques avant les apparitions très médiatisées de ce mois-ci.

Or, l'ancien président, qui est même apparu en public vêtu de sa fameuse veste vert-olive pour la première fois depuis sa maladie, n'a jamais évoqué la situation sur l'île, confrontée à sa plus grave crise-socio-économique depuis la chute de l'allié soviétique en 1991.

Sa grande préoccupation de l'heure est la possibilité d'un conflit nucléaire au Moyen-Orient à l'instigation, selon lui, d'Israël et des États-Unis, son ennemi de plus d'un demi-siècle.

Mais des dissidents cubains n'ont pas manqué de souligner la «coïncidence» de la réapparition de Fidel Castro avec le début du processus de libérations de 52 opposants cubains incarcérés depuis 2003.

«Fidel Castro veut montrer que cette décision de Raul», sous la médiation de l'Église catholique de Cuba et l'appui de l'Espagne, «ne s'est pas faite sans son accord», estime le dissident Elizardo Sanchez, à la tête de la Commission cubaine - illégale mais tolérée - des droits de l'homme.

«C'est aussi une façon de rassurer la vieille garde inquiète de la volonté de certains responsables, dont sans doute Raul, connu pour son pragmatisme, de faire des réformes qui pourraient dénaturer le régime» communiste, estime pour sa part un diplomate sous couvert de l'anonymat.

L'absence de discours de Raul Castro lors de la fête nationale du 26 juillet organisée à Santa Clara (centre) a surpris nombre de Cubains qui attendent désormais la séance parlementaire de dimanche pour voir leur président à la tribune.

Mais l'espoir de changements rapides dans les domaines de l'économie ou de l'emploi s'est évanoui, Raul Castro ayant déjà prévenu en décembre 2009 que tout se ferait très lentement pour éviter les faux pas.