Quelque 2500 prisonniers, soit plus du quart de la population carcérale uruguayenne, ont entamé une grève de la faim pour réclamer des sanctions pénales après l'incendie d'une prison qui a coûté la vie à 12 détenus jeudi dernier.

Le rapporteur parlementaire sur le système pénitentiaire Alvaro Garcé a confirmé mercredi à radio Sarandi le début de ce mouvement, qui touche quatre prisons du pays, selon le quotidien El Pais.

«C'est un jeûne volontaire pacifique», a précisé à l'AFP le directeur national des prisons, l'inspecteur Horacio Zaugg Zerpa.

Dans un rapport auquel a accédé l'AFP, M. Garcé affirme que le risque d'incendie concerne 80% de la population carcérale du pays, en raison des draps ou couvertures qui servent de séparation dans de nombreuses cellules, mais aussi du manque de moyens et de personnel pour lutter contre le feu.

L'incendie de jeudi dans la prison de Rocha, à 210 km à l'est de Montevideo, a probablement été provoqué par un appareil de chauffage défectueux. Il a ravagé un bloc où se trouvaient 20 détenus: 12 sont morts, les huit autres ont été gravement brûlés.

Mardi, le sénat uruguayen a adopté à l'unanimité une loi d'urgence pénitentiaire permettant de débloquer 15 millions de dollars pour la construction et la rénovation de centres de détention et de créer 1500 postes de gardiens de prison.

L'Uruguay (3,4 millions d'habitants) souffre de surpopulation carcérale : le nombre de détenus a quadruplé en 20 ans, passant de 2244 en 1989 à 8863 en mai dernier, selon le ministère de l'Intérieur, alors que les prisons ne peuvent en accueillir qu'un peu plus de 6000.

En janvier, près de 300 détenus s'étaient déjà mis en grève de la faim pour protester contre leurs conditions de détention après un autre incendie qui avait fait deux morts dans la nuit du réveillon du Nouvel An.