La Cour suprême du Chili a nettement allégé jeudi la peine prononcée contre l'ancien chef de la police secrète de la dictature d'Augusto Pinochet (1973-1990), Manuel Contreras, pour l'assassinat de l'ex-commandant en chef de l'armée et de son épouse en 1974 à Buenos Aires.

Condamné l'an dernier en appel à une double peine de perpétuité pour les meurtres de Carlos Prats et de son épouse, Manuel Contreras ne devra finalement purger que 17 ans de prison dans ce dossier, en vertu de cet ultime jugement.

La Cour suprême a estimé que le général à la retraite pouvait bénéficier d'une «semi-prescription», une disposition du code pénal chilien permettant de réduire les peines lorsque les magistrats jugent qu'il s'est passé suffisamment de temps entre les faits et le procès.

L'ancien brigadier Pedro Espinoza a lui aussi vu sa peine réduite de 20 à 17 ans de prison, même si la Cour a jugé la Direction du renseignement national (DINA), la police secrète dirigée par Contreras au début du régime Pinochet, coupable d'avoir piégé la voiture des époux Prats tués dans l'explosion de leur véhicule à Buenos Aires.

La plus haute instance judiciaire chilienne avait déjà appliqué une «semi-prescription» dans ses 20 précédents jugements en matière de droits de l'Homme, qui avaient également conduit à une réduction substantielle des peines des condamnés.

Les époux Prats étaient partis en exil à Buenos Aires après le coup d'État qui avait porté le général Pinochet au pouvoir en septembre 1973. L'Argentine vivait alors une parenthèse démocratique entre deux dictatures (1966-1973 puis 1976-1983).

Manuel Contreras, qui fut un temps le bras droit du général Pinochet, a accumulé des peines de plus de 200 ans de prison au total, dans le cadre de plusieurs procès pour des violations des droits de l'Homme commises sous la dictature qui a fait plus de 3 000 morts et disparus.