Le Rapporteur de l'ONU contre la torture Manfred Nowak ne pourra pas enquêter à Cuba car les autorités de La Havane n'ont pas fixé de date pour une visite avant la fin de son mandat, contrairement à leurs engagements, a déploré mercredi dans un communiqué l'expert onusien.

M. Nowak a exprimé sa «profonde déception après avoir été informé par le gouvernement de Cuba que celui-ci ne pouvait pas fixer une date pour la mission d'enquête avant la fin de son mandat, le 30 octobre 2010».

«Je regrette qu'en dépit de son invitation le gouvernement ne m'ait pas permis d'évaluer objectivement la situation dans le pays par la collecte d'informations de première main auprès de toutes les sources disponibles», a déclaré le Rapporteur contre la torture et les peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants.

Le gouvernement cubain avait invité en février 2009 M. Nowak à visiter l'île communiste avant la fin de l'année.

Mais, depuis, aucun accord n'a pu être trouvé pour l'organisation de cette mission en dépit de la proposition du Rapporteur de plusieurs dates susceptibles de convenir aux deux parties, a précisé M. Nowak.

Dans un communiqué de sa représentation permanente auprès de l'ONU à Genève, Cuba a fait part de sa «surprise» suite à l'annonce du Rapporteur de l'ONU, considérant que le communiqué de M. Nowak ne «reflète pas les efforts permanents déployés» par les autorités pour «permettre la mise en oeuvre de sa visite».

Pour les autorités cubaines les discussions avec M. Nowak ont eu lieu dans un «climat de confiance», et elles maintiennent leur «volonté de continuer à coopérer» tant avec le Rapporteur contre la torture qu'avec d'autres experts du Conseil des droits de l'homme.

L'annonce de M. Nowak intervient alors que le gouvernement castriste est sous pression après la mort fin février du prisonnier politique Orlando Zapata, 42 ans, des suites d'une grève de la faim.

Les autorités cubaines répètent à l'envi qu'aucun cas de torture n'a été perpétré dans le pays depuis le renversement du dictateur Fulgencio Batista, le 1er janvier 1959.

L'opposition, illégale, affirme au contraire que les mauvais traitements sont monnaie courante de la part des forces de police et dans les prisons.

Le gouvernement de l'île communiste n'a cependant jamais autorisé d'enquête indépendante sur le sujet et Cuba est l'un des rares pays au monde auquel le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) n'a pas accès.

Le sociologue suisse Jean Ziegler a été à ce jour le seul expert du Conseil des droits de l'homme de l'ONU à avoir été admis à visiter l'île en sa qualité de Rapporteur sur le droit à l'alimentation.

À l'issue de sa visite en novembre 2007, M. Ziegler avait fait l'éloge du système cubain et avait estimé qu'il avait ouvert la voie pour d'autres experts de l'ONU en matière de droits de l'homme.

Après les avoir signés le 28 février 2008, Cuba n'a pas ratifié à ce jour les Pactes de l'ONU sur les droits économiques, sociaux et culturels et sur les droits politiques et civiques.