Une véritable décharge humaine a été mise au jour dans une ancienne mine d'argent du centre du Mexique. Des narcotrafiquants y jetaient les cadavres des personnes qu'ils venaient d'exécuter. Cette barbarie met en évidence l'échec de la guerre que mène le gouvernement mexicain contre les cartels de la drogue.

Certains corps étaient décapités, d'autres momifiés, et plusieurs étaient réduits à l'état de squelettes. Au total, 55 cadavres ont été extraits de l'ancienne mine d'argent de La Concha, près de Taxco, ont annoncé les autorités judiciaires de l'État de Guerrero, dans le centre du Mexique.

 

En sortant des galeries de 180 m de profondeur où ils avaient passé sept jours, les sauveteurs ont décrit des scènes d'horreur: corps empilés, décharnés, cadavres d'adolescents...

C'est la capture de 15 narcotrafiquants, à la fin du mois de mai, qui a mis les enquêteurs sur la piste du charnier. Jusqu'à présent, on n'a pu identifier que quatre corps, dont celui du directeur de la prison locale.

Hier matin, l'effroi suscité par la révélation de ces atrocités venait à peine d'affleurer quand l'énième affrontement est survenu dans une prison du nord du pays: à Culiacan, dans l'État de Sinaloa, six prisonniers ont été égorgés et lacérés de coups de couteau par des codétenus. Quinze morts violentes ont déjà ensanglanté cette prison au cours des derniers mois.

Ces incidents coïncident avec l'annonce de statistiques établies par une importante association de protection de l'enfance, La Red por los derechos de la infancia en México: plus de 900 enfants et adolescents de moins de 17 ans ont été tués dans des violences liées au crime organisé et à la guerre contre les cartels de la drogue depuis le mois de décembre 2006, soit depuis l'arrivée au pouvoir du président Felipe Calderón.

Au total, le bilan officiel fait état de 22 000 personnes qui ont perdu la vie dans le climat de barbarie inouïe qui a prédominé durant ces trois ans et demi.

D'après Edgardo Buscaglia, professeur de droit à l'Institut technologique autonome de Mexico (ITAM), la stratégie de lutte militaire contre les cartels que privilégie Calderón est stérile.

«C'est la structure financière des organisations criminelles qu'il faut attaquer, analyse cet expert en matière de lutte contre la grande criminalité. Or, le gouvernement mexicain est infiltré jusqu'en haut.

Les cartels vont continuer de grandir tant qu'ils pourront compter sur la complicité des gouvernants et du secteur privé. Ce sont leurs alliés: ils financent leurs campagnes électorales et leurs entreprises avec l'argent du crime organisé.»