Le président de Bolivie, Evo Morales, a été réélu président d'un syndicat de cultivateurs de coca, une position dénoncée par l'opposition comme «inadmissible» pour le chef de l'État de ce pays troisième producteur au monde de cocaïne, obtenue à partir de la feuille de coca.

Six fédérations de cultivateurs la région du Chapare, un fief de la production de feuille de coca en Bolivie, ont annoncé lundi soir avoir réélu Morales à un poste que le chef de l'État a jugé «symbolique», car il ne peut plus participer pleinement aux activités de l'organisation.

Le socialiste Evo Morales, réélu en décembre pour un deuxième mandat présidentiel, est depuis les années 90 dirigeant des «cocaleros» (cultivateurs de coca) du Chapare. C'est dans ce fief qu'il a entrepris son ascension politique vers la présidence, devenant leader syndical puis député.

Morales, premier président amérindien (aymara) de Bolivie, s'est fait le champion de la cause et des traditions indiennes. Il veut notamment promouvoir le négoce de la feuille de coca, qui est mastiquée, infusée, utilisée à titre thérapeutique ou lors de rituels dans les Andes depuis 5000 ans.

Morales a déjà dit avoir conservé lui-même une parcelle d'arbustes de coca.

La nouvelle Constitution de 2009 consacre la coca comme «patrimoine culturel, ressource naturelle renouvelable de la biodiversité bolivienne, et facteur de cohésion sociale».

Mais la coca cultivée en Bolivie -plus de 30 000 hectares en 2008 selon les chiffres de l'ONU- dépasse largement les besoins traditionnels et nourrit en partie le narcotrafic. La Bolivie est le 3e exportateur mondial de cocaïne et les fortes prises du début 2010 suggèrent un trafic en hausse.

Le sénateur d'opposition German Antelo a jugé «inadmissible que le président de tous les Boliviens soit aussi le président des cocaleros au moment ou la violence associée au narcotrafic est en hausse dans le pays».