La secrétaire d'État américaine Hillary Clinton a entamé lundi à Lima, à l'assemblée de l'Organisation des États américains, une tournée latino-américaine, pour accélérer un rapprochement entre Washington et la région, freiné par des tensions sur le nucléaire iranien ou le Honduras.

Mme Clinton a participé aux débats des ministres des Affaires étrangères de la 40e assemblée générale de l'OEA réunis jusqu'à mardi au Pérou.

Mais elle n'a pu rencontrer Celso Amorim, le chef de la diplomatie brésilienne, qui n'a pas fait le déplacement à Lima, une semaine après une passe d'armes entre Washington et Brasilia sur le dossier du nucléaire iranien.

Washington pousse à l'adoption au Conseil de sécurité de l'Onu, sans doute cette semaine, de nouvelles sanctions relatives au programme nucléaire de Téhéran. Le Brésil, membre non permanent du Conseil, s'y oppose et défend un accord tripartite avec Téhéran et Ankara sur un échange d'uranium en Turquie pour alimenter la recherche civile en Iran, un accord rejeté par Washington.

«Nous verrons bien ce qui se passe, mais nous avons les voix», a commenté Mme Clinton à la presse, en vue du vote à l'ONU.

Outre l'Iran, le Honduras, exclu de l'OEA à la suite d'un coup d'État en juin 2009, reste un différend aigu entre États-Unis et le Brésil, soutenu par une partie de l'Amérique latine.

Washington et ses alliés dans la région poussent à un retour rapide du petit pays d'Amérique centrale dans l'OEA.

«Il est temps pour l'hémisphère (des Amériques) dans son ensemble d'avancer, et de réaccueillir le Honduras au sein de la communauté inter-américaine», a plaidé Mme Clinton, estimant que le président Porfirio Lobo, élu en novembre, a «démontré son attachement démocratique», avec une «commission vérité» sur la crise de 2009 et un «gouvernement de réconciliation nationale».

Le Brésil, à la tête d'un groupe de pays de gauche qui ne reconnaît pas Lobo, se refuse à décerner un «lu et approuvé à la hâte» à un régime issu d'élections organisées par les autorités putschistes, selon l'expression de son président Luiz Inacio Lula da Silva.

À Lima, Mme Clinton entendait appeler à «renforcer la gouvernance démocratique» en Amérique latine. «Il n'est pas suffisant d'avoir des élections. Il faut renforcer les fondations institutionnelles de la démocratie» a-t-elle déclaré.

Elle poursuit sa tournée latino-américaine mardi en Équateur. Il s'agit d'une étape doublement symbolique car le président socialiste Rafael Correa est un pilier du bloc de gauche latino-américain et cette visite survient un an après une grave crise, déclenchée par l'accord militaire entre Bogota et Washington sur l'usage américain de bases militaires en Colombie.

Outre des entretiens avec le président Correa, elle devrait prononcer un discours sur la politique latino-américaine du président Barack Obama.

Pour Washington, «l'idée à présent est de proposer un calendrier axé sur la coopération», estime Christopher Sabatini, directeur à New York du forum Americas Society-Council of the Americas.

«L'administration veut sentir qu'elle a un impact sur l'Amérique latine», a ajouté l'analyste, relevant que les efforts de l'administration Obama pour améliorer ses relations avec une région historiquement méfiante ont connu «des à coups» depuis un an.