Le gouvernement argentin et l'Association argentine du football (AFA) sont accusés de financer et d'encourager la présence au Mondial 2010 de quelque 300 hooligans, après l'incroyable voyage de plusieurs «barras bravas» dans le même avion que l'équipe de Diego Maradona.

«L'Association argentine de football et le pouvoir politique sont nécessairement complices», déclare à l'AFP Monica Nizzardo, présidente de l'organisation non gouvernementale Sauvons le football. Pour elle, «sans leur accord, ces hommes violents n'auraient jamais pu se rendre en Afrique du sud».

Les Argentins sont effarés de voir les images diffusées en boucle de plusieurs hooligans se baladant dans l'avion qui transportait la sélection nationale en Afrique du sud.

Pire, ils ont assisté mardi au triste spectacle d'une conférence de presse de Maradona à Pretoria, pendant laquelle le sélectionneur a dû être longuement interrogé sur cette polémique.

Il a assuré que le président de l'AFA Julio Grondona ne lui avait «rien dit» sur une telle présence à bord de l'avion de la sélection. Semblant ainsi lui faire porter le chapeau du scandale.

De son côté, tout aussi étrangement, M. Grondona a fait savoir qu'il avait «prévenu» Maradona et son manageur Carlos Bilardo que tout cela «pouvait leur nuire». Comme s'il rendait la politesse au sélectionneur.

L'opposition n'a pas tardé à descendre dans l'arène. «Il y a une association quasi mafieuse entre le gouvernement, l'AFA, Maradona et les 'barras'», a dit le député Carlos Comi (Coalition Civique), membre de la commission des Sports de la Chambre des députés, qui a porté plainte.

Le chef du gouvernement, Anibal Fernandez, a tout nié.

«Nous n'avons aucun intérêt à voir ces gens-là au Mondial», a-t-il dit, ajoutant toutefois: «tout citoyen libre a le droit de se déplacer».

Pour le journal argentin La Nacion «cela ne fait guère de doute, malgré les démentis officiels, que certains de ces personnages néfastes sont protégés par le gouvernement».

Un ancien leader de la «barra brava» du club Nueva Chicago, Ariel Pugliese, appelé «El Gusano» (le ver), vu dans l'avion qui a conduit la sélection nationale en Afrique du sud, fait partie de groupes de choc pro-gouvernement.

Il a participé il y a un mois à une attaque en pleine Foire du Livre à Buenos Aires, lorsqu'un groupe d'hommes a jeté des chaises pour empêcher qu'un ouvrage critiquant le gouvernement ne soit présenté au public.

Pugliese a fait l'objet en 2007 d'une enquête pour le meurtre d'un supporter du Club Tigre, rival de Nueva Chicago, et il a également fait office de garde du corps de la star de la sélection, Lionel Messi.

Jeudi, la justice a autorisé le chef de la «barra brava» du Club Rosario Central, Andrés Bracamonte, à se rendre également en Afrique du sud où, selon la presse, quelque 300 hooligans argentins sont attendus.

Deux cents d'entre eux appartiennent à l'ONG Supporteurs Argentins Unis (HUA), qui regroupe les «barras» de plusieurs clubs sous la houlette d'un militant de quartier proche du gouvernement, Marcelo Mallo.

«Les barras se conduisent en totale impunité et les dirigeants politiques, loin d'être capables d'apporter une solution, font partie du problème», a dit à la presse Marcelo Parrilli, avocat de victimes des hooligans.

Pour lui, «les barras disparaîtront le jour où disparaîtront les politiciens qui les utilisent».