Le gouvernement bolivien a annoncé mardi la saisie sans indemnisation de 13 000 hectares de terres «non exploitées» appartenant à un riche entrepreneur de l'Est du pays, par ailleurs propriétaire d'une chaîne de télévision et proche de l'opposition conservatrice.

L'Institut de la Réforme agraire (INRA) a indiqué que trois parcelles totalisant 13 184 ha (131 km2) sur les plaines fertiles de la région de Santa Cruz, et appartenant aux Monasterios, une des grandes familles de Bolivie, étaient repassées dans le «domaine de l'État» pour être redistribuées.

Les Monasterios ont acheté les terres en 2003, mais selon les vérifications de l'INRA, aucun travail agricole ou d'élevage n'y a été effectué depuis, a indiqué le directeur de l'organisme, Carlos Rojas.

Or, rappelle l'Institut de la Réforme agraire, la nouvelle Constitution bolivienne de 2009 stipule que «la non exécution de fonction économique ou sociale (des sols), ou son mode de possession latifundiste, sont des causes de reversement» au domaine public.

Le directeur de l'INRA a assuré qu'«il ne s'agit pas d'un processus visant la famille Monasterios», propriétaire d'une banque privée et de la chaîne de télévision Unitel, au ton notoirement critique envers le gouvernement socialiste d'Evo Morales, président de la Bolivie depuis 2006.

Carlos Rojas a rappelé que la réforme agraire était un processus en cours depuis 10 ans ayant permis de rationnaliser la propriété et l'usage de 35 millions d'hectares de terre (soit un tiers du territoire), dont 4 millions peuvent être redistribués à des communautés pauvres ou indigènes.

Le gouvernement Morales a promis d'accélérer cette redistribution.

L'opposition l'accuse surtout de s'en servir comme arme contre les grands propriétaires et partisans de la droite dans l'Est du pays, rappelant que l'entrepreneur Branko Marinkovic avait été dessaisi fin 2009 de 12 000 hectares de terres. Recherché par la justice, ce dernier a fui la Bolivie.