La police équatorienne a dispersé des centaines d'Autochtones qui empêchaient les parlementaires de quitter le Congrès pour protester contre une loi privatisant selon eux la gestion de l'eau, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Les élus ont quitté l'hémicycle mardi peu avant minuit, entourés de policiers, après que le président du Congrès Fernando Cordero eut suspendu la session destinée à l'examen définitif du texte.

«Tous les parlementaires sont sortis», a déclaré à l'AFP le colonel José Rivadeneira, chef de la police du centre-ouest de Quito. L'évacuation a été marquée par des échauffourées entre policiers et manifestants.

Mercredi matin les trois principales organisations représentant les manifestants ont toutefois maintenu leur mouvement.

«Les trois confédérations importantes du mouvement indigène ont appelé à une mobilisation nationale», a annoncé à la presse Marlon Santi, dirigeant de la Conaie (Confédération nationale des indigènes équatoriens).

Les Autochtones réclament notamment la création d'un «conseil interculturel et plurinational de l'eau» qui ne serait pas, comme le prévoit la loi, un organe consultatif mais une organisation ayant un pouvoir de décision.

Ils craignent que cette ressource naturelle soit privatisée au profit des compagnies hydroélectriques et de l'exploitation minière

Le camp du gouvernement pour sa part assure que la législation envisagée a au contraire pour but de soustraire la gestion de l'eau aux intérêts privés.

La Conaie, qui dit représenter 35% de la population équatorienne (14,2 millions d'habitants), avait appelé en février au soulèvement des peuples indiens contre ce projet et contre l'exploitation minière à ciel ouvert sur leurs territoires.

La communauté autochtone, qui marque depuis des mois ses réserves face au gouvernement socialiste de Rafael Correa, a déjà provoqué la chute de deux chefs d'État en Equateur, Abdala Bucaram, en février 1997, et Jamil Mahuad, en janvier 2000.

«Le mouvement sera dans les rues. Notre peuple a décidé de rester à Quito», a promis mercredi matin Marlon Santi.