Les chefs d'État de l'Union des nations d'Amérique du Sud (Unasur) ont décidé de donner un visage à leur organisation lancée en 2004 en nommant mardi, en sommet près de Buenos Aires, leur premier secrétaire général: l'ancien président argentin Nestor Kirchner.

Lancée suivant le modèle de l'Union Européenne (UE), constituée par traité en 2008 à Brasilia, cette union politique et économique qui comprend les douze pays d'Amérique du Sud, entame ainsi une nouvelle étape de son histoire.

La désignation de Nestor Kirchner, 59 ans, époux de la présidente argentine Cristina Kirchner, «a été approuvée par consensus», a annoncé le président équatorien Rafael Correa à l'issue des interventions des représentants des douze pays de l'organisation réunis à Campana (70 km au nord de Buenos Aires).

M. Kirchner a ensuite prêté serment, jurant «d'assurer le processus de construction latino-américaine», dans un lapsus revenant à annexer l'Amérique centrale et le Mexique qui ne font pas partie de l'Unasur.

«Après 200 ans, nous sommes enfin unis», a déclaré le président bolivien Evo Morales. Il a salué en M. Kirchner, président argentin de 2003 à 2007, «le premier président d'Amérique du Sud».

Le siège du secrétariat général, qui devait être à Quito, sera finalement à Buenos Aires avec l'accord de M. Correa. La manière dont M. Kirchner, qui cumule déjà les postes de député et de président du parti péroniste au pouvoir, compte exercer sa fonction, reste un mystère.

M. Correa, comme d'autres homologues tel le Paraguayen Fernando Lugo, s'est dit «convaincu de la nécessité de compter avec une personne, de très haut niveau, qui puisse se consacrer à temps plein à l'intégration de notre Amérique».

L'ancien président argentin n'est pas vraiment connu pour sa diplomatie. Il n'avait pas hésité à s'en prendre à l'ex-président George W. Bush en sa présence lors d'un sommet à Mar del Plata (Argentine) en 2005.

«Il avait dit : ne venez pas ici jouer les matamores !», a rappelé le président vénézuélien Hugo Chavez en saluant la forte personnalité de l'Argentin.

En revanche, le prédécesseur de M. Kirchner à la présidence argentine, Eduardo Duhalde (2001-2003), ancien mentor devenu son rival, a déclaré que l'ex-président était «un spécialiste à l'heure de diviser», en référence à ses multiples conflits avec les agriculteurs, les médias, l'Eglise ou la justice en Argentine.

Les ministres des Affaires étrangères du sous-continent étaient tombés d'accord lundi pour proposer aux chefs d'État la nomination de M. Kirchner.

L'ancien président argentin était candidat depuis deux ans, mais l'Uruguay, en conflit avec l'Argentine au sujet d'une usine de pâte à papier construite sur le fleuve frontalier, bloquait sa candidature.

Le nouveau président uruguayen, José Mujica, a décidé de lever le veto de son pays. «Nous avons décidé de rejoindre le consensus des présidents d'Amérique latine pour qu'on puisse franchir ce pas», a-t-il dit.