Les Cubains ont voté dimanche pour élire leurs représentants municipaux au cours d'élections qualifiées de «farce» par l'opposition, et au moment où la mobilisation contre le régime communiste se cristallise autour de la grève de la faim de Guillermo Farinas. De son côté, le président du Parlement cubain, Ricardo Alarcon, a demandé aux États-Unis de lever «pour un an» l'embargo qu'ils imposent depuis 48 ans à Cuba, pour tester la Révolution cubaine.

Pour le gouvernement de l'île, les élections municipales sont «une réponse digne de tout notre peuple à toutes les campagnes qui ont été menées contre notre système démocratique», a déclaré la présidente de la Commission électorale, Ana Mari Machado.

En tout, 8,5 millions de personnes ont été appelées à élire les 15 000 membres des 169 assemblées municipales de Cuba, un pays de 11,2 millions d'habitants gouverné depuis 51 ans par les frères Fidel et Raul Castro.

Depuis 1976, les municipales ont lieu tous les deux ans, et si le Parti communiste (PPC) ne présente officiellement aucun candidat, il supervise tout le processus.

La participation au dernier scrutin s'était élevée à 95%, ce que les autorités cubaines considèrent comme une «victoire de la Révolution».

Le leader historique, Fidel Castro, 83 ans, a voté chez lui et a fait parvenir son bulletin aux autorités électorales qui l'ont déposé dans une urne. Son frère, le président Raul Castro, a voté dans un collège de l'ouest de La Havane.

Tester la Révolution cubaine

Au moment de voter, le président du Parlement cubain, Ricardo Alarcon, a demandé aux Etats-Unis de lever «pour un an» l'embargo qu'ils imposent depuis 48 ans à Cuba, pour tester la Révolution cubaine.

Le 9 avril à Louisville (est des Etats-Unis), la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton avait affirmé «que les Castro ne veulent pas la fin de l'embargo» car ils «perdraient toutes leurs excuses pour tout ce qui ne s'est pas passé à Cuba depuis cinquante ans».

«Si elle croit vraiment que l'embargo profite au gouvernement cubain (...) la solution est simple, qu'ils le lèvent même si ce n'est que pour un an», a déclaré M. Alarcon, en forme de défi.

Les autorités cubaines accusent les Etats-Unis et l'Union européenne (UE) d'orchestrer une campagne contre la Révolution cubaine, notamment en «parrainant» le journaliste Guillermo Farinas.

Le dissident cubain de 48 ans s'est mis en grève de la faim il y a deux mois pour réclamer la libération de prisonniers politiques malades, un jour après la mort d'un autre prisonnier politique, Orlando Zapata, 42 ans, qui avait jeûné 85 jours pour revendiquer de meilleures conditions de détention.

M. Farinas avait qualifié samedi les élections de «farce» et s'était dit «plus que jamais» prêt à poursuivre son action.

Les autorités cubaines démentent détenir des prisonniers politiques, affirmant qu'il s'agit de «mercenaires» à la solde des Etats-Unis.

Dans les rues de La Havane, les «Dames en blanc», épouses et mères de prisonniers politiques cubains, ont été par ailleurs empêchées de défiler pour le troisième dimanche consécutif.

Selon la police, le groupe de femmes qui a reçu le prix Sakharov du Parlement européen «pour la liberté de pensée», n'était pas autorisé à manifester.

Jusqu'à présent, les défilés des «Dames en blanc» étaient tolérés. Mais depuis leurs manifestations de mars pour le 7e anniversaire de l'arrestation de leurs proches -membres d'un groupe de 75 opposants arrêtés en mars 2003- les autorités exigent une autorisation.